Ce n'était finalement pas grand-chose...
Mais c'est inouï ce que cette extraction dentaire -d'une grosse molaire, pourtant soignée- me faisait paniquer. Il faut dire qu'à mon dernier arrachage de dent(s), mon ancien dentiste m'avait loupée. Ici, j'ai été envoyée chez une stomato par ma dentiste actuelle. J'y allais en confiance, mais je n'imaginais pas que cela se ferait comme par magie. Bon, tout de même, ça fait un choc. Le 2 janvier, premier oeil... Le 15, une dent à gros, gros problèmes en moins... Le 28, deuxième oeil! Je ne suis pas très gâtée, en ce début d'année, même s'il y a pire. Je me rends compte que c'est chaque fois un choc.
Je ne puis m'empêcher de penser à tous ceux qui n'ont PAS les moyens de se soigner. Vivre dans la rue avec une rage de dents? Mais ce doit être l'enfer...
Alors, je dois reconnaître que, chaque fois, "on" vient me chercher, en voiture... Qu'on me borde, qu'on m'apporte une soupe -tiède- deux tartines au fromage light... Quand la maison, ici, redevient "les Pivoines", je me sens chouchoutée, et j'ai besoin de ça. Maintenant, je sais bien que les moments difficiles reviendront. Une alternance de moments difficiles et de moments -normaux. Alors, les trois JT m'ennuient moins. Pourquoi y a-t-il des moments où je ne supporte pas la parole des présentateurs de JT, kilométrique, galopante et emphatique, et des jours où je ne l'écoute pas ?
Autre chose, de positif, je crois. J'ai commencé un cours de sophrologie, à la F.I.S. A la Fédération Indépendante des Seniors. Après tout, pourquoi pas? Ils ont tout de même un beau programme d'activités. Il y a une dizaine de séances, jusqu'en mars, puis, il y aura une suite après les vacances de Pâques. J'ai eu ma première séance aujourd'hui, avant la stomatologue. Ce n'était pas du superflu. Je sors de quatre, quatre! cures d'antibiotiques! Depuis octobre... L'abcès était permanent, et il y avait un kyste. Je me demandais s'il me resterait une bouche, en sortant de là. Mais oui...
Alors, la sophrologie. Aujourd'hui, l'exercice consistait en une séance de do-in, auto-massage d'inspiration chinoise... Les mains, le crâne, le visage (les joues), la nuque, les épaules, les bras (c'était le plus important pour moi), et puis, jambes, dos, etc. On entend le SILENCE. On sent la chaleur, les mâchoires qui se décrispent, les épaules qui retombent. Respirer comme il faut n'est pas facile (c'est mon plus grand problème, j'oublie carrément de respirer), mais je SENS que c'est exactement le type de discipline que je devrais creuser. Revenir au corps, à Mon bien-être et, la cerise sur le gâteau, ce serait d'apprendre à mieux gérer mes émotions.
Je pense que cela me réussira mieux que le fitness... Le fitness m'a fait maigrir, d'accord, mais prendre des anti-douleurs en masse pour arriver à faire du sport, ce n'était pas vraiment un bon plan! Je l'ai payé cash ! Si seulement je pouvais arriver à diminuer les anti-douleurs!
Oui, j'aime bien la F.I.S. Peut-être moins les cours artistiques... Mais un cycle de cours comme la sophrologie est tentant. J'aimerais bien apprendre l'italien aussi, un jour. Mais si j'avais le choix entre un cours d'italien et un cours d'auteurs latins, comme j'aimerais refaire du latin! Rien que pour le plaisir. Mais j'ai tout oublié! Ou pas loin! J'aimerais bien suivre des cours d'histoire des religions aussi. Il y a un bon institut, à l'ULB, il faudrait que j'y réfléchisse.
Et puis, ce soir, un "Secrets d'histoire" à la télé. Sur Molière.
Le bonheur ! Je ne peux pas expliquer cela. Cette espèce -oserais-je dire?- de jouissance profonde, quand j'entends le français du Grand Siècle. Quand la phrase se déroule devant moi. Il y a les souvenirs d'enfance, aussi, les enregistrements des pièces de Molière à la Comédie française, que nous écoutions, à la maison. Il y avait quelques séquences du "Molière" d'Ariane Mnouchkine, que j'ai tant aimé. Comme la rencontre entre Molière et Madeleine Béjart, imaginée lors du Carnaval d'Orléans. C'était tout simplement trop court! Chaque séquence aurait pu durer plus longtemps encore. Après tout, ce n'est pas un hasard si j'avais consacré mon mémoire de régendat à "L'Univers comique dans le Capitaine Fracasse".
Par contre, la version contemporaine du "Jeu de l'amour et du hasard", programmée après les Secrets d'histoire, m'a moins convaincue. Je ne m'habitue pas à ces clameurs aiguës, à ces cabrioles sur des planches qui résonnent, à ces galopades effrenées d'un bout à l'autre de la scène... Je reste une adepte des mises en scène sobres, des jeux d'acteur, sobres, des dictions parfaites, bref, de tout ce qui se rapproche le plus du naturel.
C'est pour cela que j'avais tant aimé, naguère, le jeu de Raymond Avenière (un comédien belge, qui jouait au Théâtre National, mais aussi au Théâtre de Poche), dans "Betrayal", de Harold Pinter, et dans "Britannicus", de Racine, où il était un Néron saisissant.