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12 août 2017

"Ecoute ô Israël"

" Il y a des milliers d'années.

Dans un désert de pierres. Près de la mer salée.

La vieille femme, aux lèvres séchées d'absence, repense à lui.

Où a disparu la courbe de ce corps solaire - ivoire, bronze et mangé de noir - tendu, allongé par la course, sculpté par l'ascèse, lumineux, tellement vivant?

Indéfiniment, au moment de glisser dans le sommeil, elle soupire, prolongeant encore un peu l'état de veille, pour mieux l'évoquer, l'imaginer. Le revoir.

***

A quelques pas du puits, à une heure où chacun se retirait dans sa maison, l'homme se lavait avec soin et concentration, tour à tour debout ou accroupi. Un léger parfum d'huile de laurier devait l'environner. Ses gestes étaient lents, contrastant avec la vivacité habituelle de ses attitudes et sa souplesse.

Fascinée, elle s'était immobilisée, un peu à l'écart, prudemment dissimulée derrière un mur, et l'avait observé.

Son inaltérable bonté... Comment décrire cela? En plus du charme et de la fantaisie qui émanaient de sa personne. Sa gravité, parfois. Et une sorte d'aura brillante, imperceptible à l'oeil nu, qui lui valait la tendresse des femmes, la popularité chez les vieillards, et la turbulence des enfants.

Avec juste ce qu'il fallait d'hésitation, parfois - n'était-il pas humain? Et donc soumis au doute?

Au point que sa légende s'enflait de village en village. On racontait qu'il avait rencontré le Nazaréen. Qu'ils avaient parlé, peut-être. Et qu'il avait poursuivi son chemin, de lieue en lieue, le long du fleuve, des palmeraies, des régions brûlantes et des pistes grises. Un mystère d'homme, avec des paupières soudées sur des images innombrables, des pensées mobiles, seul au milieu d'illusions d'eau, s'évaporant sur le sol de la Judée.

Hors de portée. Elle ne savait pas exactement qui il était, quand il s'exprimait, dans les assemblées, mais cela résonnait en elle. Elle voulait se tenir loin de lui, mais ne pouvait s'empêcher de s'avancer. Il y avait une sorte d'amitié entre eux, et elle ne pouvait ni ne voulait s'y attarder. Attachement étranger, impossible, inimaginable. Vivre comme une femme, sous la menace des pierres.  Voilà pourquoi, pétrifiée, bras ballants, et incapable de s'enfuir, elle était restée, épiant les sandales usées, abandonnées, les pieds nus dans l'ombre du puits, les jambes longues, et l'ample chalouk greige, écarté...

***

Et c'est souvent à ce moment - comme n'osant aller plus loin dans son évocation-  qu'elle s'assoupit, avant qu'un sursaut violent de tout son corps ne la réveille, la laissant, essoufflée, brutalement ramenée au silence.

Et le cycle recommence, chaque jour, chaque nuit.

Jusques à quand ? "

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24 juin 2017

Hurtebise

Hurtebise, où j'ai laissé un morceau de mon coeur.

En attendant Orval, les 7, 8, 9 et 10 juillet.

les pavots de Hurtebise

Longues hampes, violines digitales

Bouton de Pivoine

***

Les étangs du Baron (Goffinet), à Vesqueville...

Etangs du Baron, à Vesqueville

Et, quand vient le soir...

Le banc

Le crépuscule

le moment heureux...

Coucher de soleil

Coucher de soleil

24 juin 2017

L'avenir des motrices 7700 bruxelloises

Comme je suis membre d'un groupe "Si le tram m'était conté", j'ai appris que les tramways de la série 7700 (qui ont suivi les 7500, unidirectionnelles, déjà comble de la modernité), repeints en jaune vif et bleu pétant... Sont tout doucement partis à la casse. Ils vivent leurs dernières heures dans un coin, à Haren, loin des appareils photos indiscrets.

Une seule motrice 7700 (bidirectionnelle, celle-là), circule encore, la 7759. Je l'ai vue arriver du bout de la rue de la Régence, intriguée par son phare unique, à l'avant de la voiture, contrairement aux voitures des 2000, 3000 et 4000 qui aborent deux phares. Et sont nettement plus confortables puisqu'à plancher surbaissé.

Mais la STIB a eu la mauvaise idée de donner à tous ses trams une livrée gris - ocre - beige - or - cuivre, pour faire Art Nouveau sans doute. Adieu donc, au jaune primerose... Qui a été si typique du tramway bruxellois.

Malgré mes courses, mes sacs et mon bâton de marche, j'ai saisi mon appareil photo et j'ai immortalisé cet instant. Je ne suis pas la seule à l'avoir fait, parmi les amateurs de tram(s). Mon tour a été tout petit, de l'arrêt en face du musée à celui du métro parc. Je suis assez contente de ma production même si elle n'est pas parfaite, loin de là. Mais tant pis. J'en ai oublié de valider mon abonnement !

Je me suis fait la réflexion aussi (je venais de la porte de Namur) que désormais, les trottoirs sont protégés par d'énormes plots en béton, destinés sans doute à empêcher l'une ou l'autre voiture suicide de se précipiter sur les piétons. Quelle époque épique comme dirait Célestine !

J'avais fait mon petit tour chez Marks and Spencer et bu un café quelque peu indigeste. Ah ! Bruxelles, tes trams... Il a fallu tant d'amoureux des trams pour gardes une vision du passé de ma ville bien-aimée... Et si tristement abandonnée de ses habitants. Mais au profit d'autres bien sûr.

7700 à la casse

Une 7700 à la casse...

(Restons cohérente, c'est une photo prise par un membre de "Si le tram m'était conté"

mais je ne l'ai pas encore retrouvé sur le site...)

7700 en circulation

La 7759 au métro Parc. Ligne 93, direction Stade.

22 juin 2017

Tizy et moi (de Claude Véla)

En 1930, Françoise Génolhac, 30 ans, célibataire, quitte Angoulême pour s'installer et travailler à Paris, dans un grand bureau (ministère ou société, on ne sait pas).

La vie commence dans le "bureau", dans le crépitement des "Underwood"; il y a "le patron", Tizy, dactylo, diminutif de Marie-Thérèse Boncourt, un rédacteur et deux employés. Tizy, qui pensait pourtant, "30 ans, venant d'Angoulême, la barbe!" est sensible au charme de Françoise Génolhac, qu'elle entraîne très vite, le soir, après le bureau, dans quelques sorties avec son fiancé Bob (Robert Combas) et les "amis" de Bob, un certain Denis, qui fait des "affaires" et a des "tuyaux" et une certaine Jacqueline, puis un Américain fou de cocktails, Dan Hansom.

Bob et Tizy attendent d'avoir assez de moyens pour s'acheter une voiture et se marier.

Françoise regarde ce couple avec un peu d'effarement, mais se laisse gagner par la spontanéité de Tizy. Parallèlement, elle déniche un petit resto au Quartier Latin - végétarien et tenu par des exilés russes- où elle prend ses repas et rencontre un autre couple de fiancés, Olivier (futur docteur en médecine) et Dominique (employée de bureau), qui lui semble à l'opposé de ceux qu'elle n'appelle pas encore ses "amis". Mais Tizy, qui, décidément, aime bien Françoise, l'emmène dans pas mal de courses harassantes (le trousseau). Elle ne veut pas entendre parler de le "monter" avec sa mère. Puis l'achat des meubles.

Tout le monde (c'est-à-dire les parents), voit cette amitié d'un bon oeil, car bien sûr, Françoise Génolhac aura -à la longue- une excellente  influence sur Tizy.

Françoise habite un studio (sans doute à la lisière de Paris), avec un balcon. Tout cela est décrit simplement, harmonieusement, dans une jolie langue, moderne pour les années 30, mais classique. On sent aussi que l'héroïne a connu une vie meilleure et que des revers de fortune, puis des deuils, l'ont amenée à vivre seule et à gagner sa vie...

(Maintenant, c'est le lot de la majeure partie de la population).

Elle cherche donc du travail supplémentaire et devient la secrétaire d'un avocat ami de son patron. Maître Philippe Herbault-Leuilly. Me H. Leuilly habite un vieil hôtel de maître, a deux jumeaux de trois ou quatre ans, et... Est veuf. Une "Nounou" garde ses enfants (une Provençale de caractère), qui a son franc-parler, comme toujours dans ce style de romans. Quelques "employés de maison" se succèdent aussi, rebutés par le caractère intransigeant de "Nounou".

Mais Françoise est là, qui résout beaucoup de problèmes, faire engager un repris de justice, client de Me H. L., lui trouver un couple d'employés de maison fiable (pour ne pas dire domestiques ou serviteurs), etc.

Tout ronronne donc bien dans la vie de Françoise, Tizy se marie, part en voyage de noces, emménage, et continue de sortir dans les cafés parisiens avec son mari. Tizy rêve de faire du cinéma et fait un essai... Ce qui provoque la rage de son jeune mari. Ahurie, puis furieuse, Tizy découvre un mari très différent du fiancé joyeux et joueur de poker, à l'occasion. "Mange ton rouge" lui dit-il. Il veut bien qu'elle arbore un rose à lèvres "de femme du monde", mais pas ce "rouge du tonnerre", comme dit Tizy. Françoise, un peu à contrecoeur, est amenée plus souvent qu'elle ne le voudrait à mettre du liant dans la famille de Tizy - lorsque celle-ci reçoit ses parents et beaux-parents pour la première fois.

Et puis, un jour, elle lit dans le Journal des procès qu'on annonce les fiançailles de Maître Herbault-Leuilly avec une cousine, également avocate d'avenir. Fiançailles rêvées par la cousine et par la mère de l'avocat que Françoise Génolhac a rencontrée et surnomme en elle-même "Madame Mère". Ecroulement. Françoise Génolhac découvre qu'elle s'est mise à aimer cet homme et que leur collaboration ne pourra durer éternellement.

Mais les choses prennent évidemment un tour différent. D'abord, Tizy se sépare d'avec son mari, après une énième dispute et comme elle veut divorcer, Françoise l'emmène chez l'avocat. Avec le secret espoir qu'il va influencer la jeune femme pour qu'elle renonce à ce projet. On est dans les années 30, pour pouvoir vivre hors du domicile conjugal, Tizy a besoin de l'accord de son mari, que Françoise obtient.  Pendant plusieurs semaines, elle va travailler à la réconciliation du jeune couple et va y arriver - avec l'aide de l'avocat qui impressionne fortement Tizy.

Au moment où Françoise respire, puis retourne travailler chez l'avocat, mais tout en soupirant, elle trouve le père angoissé et la Nounou en affaire "Maï de que vas..." Les enfants sont malades. Plusieurs épidémies régnent à Paris, et au retour de vacances chez leur grand-mère, ils sont en piètre santé. Naturellement, Françoise s'offre pour les soigner. On ne trouve aucune infirmière libre à Paris, et dans les années 30, il n'y a pas d'antibiotiques (...)

Les jumeaux guérissent... Maître H. L. faissant de plus en plus la différence entre sa "fiancée" qui ne vient pas voir ses enfants, craignant la contagion, et la jeune femme qui, travaillant déjà, n'hésite pas à se dévouer à tout le monde. A ce rythme-là, évidemment, Françoise Génolhac tombe malade à son tour. "Le coeur qui bat la berloque", un "point au sommet du poumon", elle craint de devoir affronter la maladie dans sa solitude. Mais Tizy, heureuse, arrive avec Bob et prend la situation en mains. Maître H. L. envoie son propre médecin, et Nounou, le soir, avec des paniers de vivres, de vin et de livres. Puis, Françoise partira en convalescence à Hossegor.

Elle y recouvre la santé, sinon le bonheur, et reçoit un abondant courrier : longues lettre de Tizy, qui attend un enfant, et cartes postales de ses amis Olivier et Dominique, et de Me H. L. "Bon rétablissement, à bientôt, Philippe H. L."

Et je vous laisse deviner sans peine ce qui arrive.

Maître H. L. rend sa liberté à sa "fiancée", met sa mère au fait, et file à Hosssegor.

tizy et moi

***

Ce serait très amusant d'imaginer le retour de Françoise Génolhac à Paris avec son "fiancé". Ecrire un dernier chapitre... Comment et quand va-t-elle arrêter de travailler? Je l'imagine très bien insistant pour travailler jusqu'au dernier moment, et Philippe H. L. lui faisant remarquer qu'elle ne peut être la secrétaire de son ami à lui, alors qu'elle est sa fiancée en même temps.

Où va-t-elle loger? Je l'imagine aussi trouvant logique de rester dans son petit studio, alors que son fiancé voudrait qu'elle ait une vie plus confortable, mais ne peut sans doute l'héberger chez lui (à l'époque, cela ne se faisait pas). J'imagine Françoise marraine du petit garçon ou de la petite fille des Combas, puis mariée, et devenant non seulement la mère adoptive de Jimie et Mijie, mais pourquoi pas, mère à son tour.

Et puis, j'imagine tout ce petit monde, dix ans après, en 1940, que vont-ils devenir ?

***

Je n'ai rien lu d'autre de Claude Véla, dans ma prime jeunesse, il devait encore y avoir moyen de trouver l'un ou l'autre de ses romans dans une quelconque bibliothèque. Et on trouvait encore des volumes de la Bibliothèque de ma Fille aux Petits Riens. Mais rarement.

Sur un site de vente en ligne, je vois "Princesse aux étoiles", "Coeurs chancelants", (Echo de la mode, 1953), "La dérive", "Le chemin douloureux"... Etc. En réalité, elle s'appelait Marie-Louise Grobert et a écrit des romans populaires, dans l'Entre Deux Guerres et juste après la guerre et est morte en 1966.

Sur un site de vente en ligne, un exemplaire de "Tizy et moi", de 1942, relié il est vrai, se vend une quarantaine d'euros.

Et "Les Veillées des chaumières", revue dans laquelle ont paru tous ces romans (et dont je possède 7 volumes environ, de 1921-1922 à 1929), existent encore - et ont même une page facebook !  Mais les miennes risquent de disparaître, à plus ou moins long terme, à cause de la qualité acide du papier... L'encre a d'ailleurs fort pâli avec les années.

Mais mon chat s'y plaît fort...

11 janvier 2015

OOohhhh

Mon ancien blogue......... ... ... ... ... Non, il n'était pas si mal que cela... ... ... ...

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25 juin 2013

Ma mère et le carême...

C'est un peu un défi que je me lance. J'ai déjà lu quelques histoires, ici et là, chez des amies blogueuses, assorties d'un "avatar" qui m'intrigue.

Cela vient du blogue "Désir d'histoires - Les écrits d'Olivia Billington". Mais pas que! Comme Olivia le dit elle-même. Voilà un lien vers les jeux d'écriture proposés...

A la date du 24 juin, il s'agissait d'écrire un texte à partir d'une liste de treize mots: secret – mystère – dessert – gomme – mâcher – chewing-gum – s’étirer – libération – tondre – brebis – galeuse – puce – sale...

Cela me paraît compliqué, d'autant que, comme on le sait, je n'ai pas l'imagination narrative. Ou plutôt, la fiction et moi, cela fait deux! Enfin, essayons quand même! Mais je me rends compte que je n'ai pas respecté l'ordre.

***

Ma mère et le carême...

Ma mère ne manquait ni d'humour ni d'irrévérence. Ni de contradictions, d'ailleurs.

Cette histoire le prouve amplement.

Je ne sais si mes parents étaient très croyants (là n'est pas le sujet de mon histoire), mais en tout cas, ils étaient pratiquants. En somme, cela se résumait surtout à aller à la messe le dimanche, en suivant ou en précédant le sage troupeau des brebis chrétiennes du quartier.

Toutefois, il n'a jamais été question de faire le carême. Et pour justifier cela, ma mère disait, "avec la guerre, j'ai fait le carême pendant cinq ans". La guerre! Elle disait aussi qu'un des plus beaux jours de sa vie, c'était celui de la Libération de Bruxelles, le 3 septembre 1944. Et pourtant, c'était seulement la fin de l'Occupation. Il y aurait encore des choses terribles à venir, les bombes volantes, les épidémies, la diphtérie, la tuberculose qui emporterait ma grand-mère, à même pas cinquante ans... Et la découverte des camps d'extermination, les déportations, toute l'horreur de la Shoah. Hiroshima. Nagasaki. Et puis, l'après-guerre, l'épuration, dont on pouvait se demander -parfois- si elle tombait au bon endroit, au bon moment, sur les bonnes personnes. Quel exemple plus pathétique, en effet, que celui des femmes tondues... Elle qui était farouchement "patriote", et qui ne mâchait pas ses mots envers les collabos, les "Boches", "les souris grises" et autres affaires galeuses de l'époque... Elle n'a jamais jeté la pierre aux femmes qui étaient sorties avec des Allemands. Même si elle ne l'eût jamais fait.

Et je me rends compte, en écrivant tout ceci, que mon enfance a profondément été marquée par les récits de guerre de mes parents.

Il reste toutefois quelques mystères. Ainsi, il semblerait que mon grand-père -paternel cette fois- ait caché, durant toute la guerre, des cartes d'identité vierges dans un caisson à volet -dans le café familial. Après s'être étiré, le matin, très tôt, après avoir vaguement mâché un croûton de ce pain collant, à peu près aussi grand que trois puces et qui, d'après la légende, collait au plafond... Mon père levait les volets, rituellement. Sans soupçonner le précieux secret contenu dans le bois. Pourquoi, me demanderez-vous, trouver cela mystérieux? C'est parce que je ne le sais que de seconde main, si je puis parler ainsi. C'est ma grand-mère qui l'a raconté à mon père... Qui me l'a raconté, il y a quelques années. Il me manque juste la preuve concrète... Mais la légende a aussi son charme.

La faim et l'alimentaire tenaient évidemment une grande place dans les histoires de mes parents. Ainsi, peu avant la guerre, ma mère et sa soeur (respectivement quatorze et dix-sept ans), s'étaient promenées en ville et s'étaient arrêtées devant la vitrine d'un pâtissier. Ma mère rêvait devant les "profiteroles" et son dessert préféré, les mokas... Seulement, ma tante l'a emmenée manu militari, loin de la tentation. Résultat, ma mère a pensé à ces gâteaux pendant... Toute la guerre. Et même adulte, puisqu'elle m'en parlait encore !

Il faut dire que ma tante préférait nettement les bonbons et le chocolat. Goût que j'ai partagé -enfant- sans en recevoir jamais beaucoup... Par contre, si j'aimais les gâteaux -notre péché mignon familial- et le chocolat -comme ma tante-, je détestais le chewing-gum. Impression d'avoir une matière collante, gluante, d'un brun sale, qui stagne entre mes dents, et que je ne parviendrai jamais à extraire complètement de ma bouche. Rien de commun avec les gommes oursons ou souris, colorées ou noires, parfumées au "caliche" -

Comme on dit à Bruxelles... 

30 mai 2013

Quel est le symbole de la pensée? (thème de réflexion proposé sur "Interlude")

"Quelle est la chose dont la forme, ou la fonction, représente le mieux, au moins à vos yeux, l’expérience concrète que vous avez de la pensée? Pourquoi? Avez-vous de la sympathie pour cette chose? Auriez vous du plaisir à voir souvent son image? Pourquoi?"

(Jean-Paul Galibert, "Interlude", Atelier d'écriture en philosophie)

Voici ma réponse...

La pensée. J’ai toujours aimé penser. Privilège ou contrainte de solitaire?

Si je devais symboliser la pensée, pour moi, en ce moment, je la représenterais par le regard. Il a suffi d’une opération -banale- des yeux, et mon rapport à la pensée a changé. Avant, je pensais, parce que cela m’était naturel. Après la cataracte, j’ai pensé, parce que sans cela, j’ai l’impression que j’aurais sombré dans la folie. Peut-être que je me paie de grands mots, je ne sais pas. Avant, peut-être aurais-je dit que la pensée, pour moi, c’était le doute. Doute philosophique, doute sur moi. Maintenant, il y a cette pensée presque permanente, parce qu’un jour, j’ai dû renoncer à écrire, à lire (pas trop longtemps, heureusement) et du coup, j’ai pratiqué la pensée, comme on fait sa vaisselle, comme on petit-déjeune, comme on traverse la rue, comme on fait son ménage…

(...)

Je n’en ai pas fini, avec le regard. J’aurais pu parler plutôt de la lentille que la chirurgienne ophtalmo a placée dans mes yeux, il y a quelques mois, puisque je pars de cette date-là pour parler d’un rapport différent à la pensée. Je ne peux pas dire que j’éprouve beaucoup d’affection pour une lentille qu’on m’a greffée dans l’oeil, et pourtant, bizarrement, elle semble non seulement me permettre de voir mieux autour de moi (mieux que je n’ai jamais vu, d’ailleurs, ma myopie étant très ancienne), mais elle semble m’avoir permis de voir mieux en moi, aussi. Bien que je m’en sente aussi parfois étrangement prisonnière. Au point que je retire mes lunettes. Pour mieux voir! Tout cela semble fou, et pourtant, ce ne l’est pas tellement que cela. L’oeil et le regard font absolument partie de la vie mentale. Un changement de vue -brutal- entraîne une révolution intérieure épuisante. Alors, pour achever de répondre à la question, je ne sais pas si j’aime ça. Mais je ne peux pas faire autrement.

Revenir à avant, ce serait revenir à une cécité -physique- progressive. Est-ce souhaitable? Et voilà que je pense tout haut, ou plutôt que j’écris ce que je pense… Du coup, je me demande si je ne ferais pas mieux de retourner à mon "ménage", ou plutôt, vu l’heure…

... D’arrêter de vous infliger mes états d’âme o;)

13 mai 2013

Eh bien...

A me balader, comme ça, depuis deux bonnes heures dans ce blog, je me rends compte que ce n'était pas si mal que ça. J'y retrouve des trésors, comme ceci :

- texte écrit par Dan. Sim. à un atelier d'écriture, chez moi, à partir de la Belgique, comme thématique. Un des exercices consistait à écouter une célèbre chanson de Soeur Sourire (on tournait ou achevait de tourner le film à l'époque - ou il allait sortir). Et voilà ce que mon amie la Rose a écrit: un Dominique, nique, nique, en ... Wallon !

Point de départ:

"Dominique, nique, nique

S’en allait tout simplement,

Routier, pauvre et chantant

En tout chemin en tout lieu

Il ne parle que du Bon Dieu

Il ne parle que du Bon Dieu"

***

Texte:

"Ah Bon Dié !

C’é quand djesto bein djonne to ça savo.

Asteur, dje’n saro pu branmin aller patovoto sul’voye avous mes solés to trawé ou on voyé mes pis, po roté sô les cayaux

Dja perdu m’chapia c’qui fait qu’avou l’solia, dja l’copette de’m tiesse qui est tot racrapotée. Et eco avous mes grantes quottes, dje so todu fresh a’m dos.

Dje n’esto né fwar ridje et d’javeu on boquet d’pwain et one rawette po mindji tot el djornée.

Dje pousséve le tchansonnette à tot heur du djou et del nu.

E adon Bon Dié : Dominique, nique, nique…..

Ne’m fais nin rire

Ah !!! avant y aveuve bin one petite crapeaute quech voyève volti

Ma asteur dje’n saro plus savo, dje so bin tro vi.

Dje peu co tchanti

Dominique nique nique…."

***

Traduction:

"Ah bon Dieu !

C’était lorsque j’étais jeune tout ça savez-vous

Maintenant je ne saurais plus beaucoup aller partout sur les route avec mes souliers tout troués ou on voit mes pieds, pour marcher sur les cailloux.

J’ai perdu mon chapeau ce qui fait qu’avec le soleil, j’ai le dessus de ma tête qui est toute chiffonée.

Et avec mes grandes jupes, j’ai le dos tout mouillé.

Je n’étais pas très riche et j’avais un morceau de pain et des miettes pour manger toute la journée

Je poussais la chansonnette à toute heure du jour et de la nuit

Et Bon Dieu Dominique nique nique…

Ne me fait pas rire

Ah avant il y avait bien une petite jolie que j’aimais bien

Mais maintenant je ne saurais plus je suis bien trop vieux

Mais je peux encore chanter

Dominique nique nique…"

22 avril 2013

Fin du blog "Mes reflets"

Bonjour à tous et à toutes. Voilà un simple petit message pour expliquer que :

J'ai, pendant quelques jours, mis une "clé" - de fermeture va-t-on dire, sur mon blog... Le temps de décider ce que j'allais en faire. Même moi, je n'y avais plus accès, sauf si j'ouvrais mon compte "canalblog" - ce que je fais rarement, vu mon petit pc portable antédiluvien... Là, j'ai reçu un pc plus performant à prêter... Pour un mois, il faut que j'en profite !

Je n'ai pas envie d'effacer ce blog, mais je ne le "sens" plus non plus... Il est en privé, c'est-à-dire qu'on n'y a accès que si on en connaît l'adresse. C'est dire qu'on n'y a pas accès depuis google ou autres moteurs de recherche. Mais cette semi-sécurité m'a amenée à écrire des choses trop personnelles, que je me suis souvent reproché d'avoir publié après, et voilà.

Et puis, comme il était en privé, j'écrivais moins d'articles, de ces articles qu'il me plaît d'écrire, sur mes visites d'exposition, sur mes lectures, que sais-je encore? Vu que, de toute façon, un nombre très restreint de lecteurs y avait accès, ce qui n'enlève à rien à la qualité de mes lecteurs fidèles, que j'apprécie beaucoup, beaucoup, beaucoup... Et comme certains m'ont demandé de rétablir l'accès... Je le fais, momentanément...

J'ai dans l'idée, bien sûr, de faire autre chose. Je ne conçois pas de ne plus écrire. J'ai envie d'écrire autre chose, j'hésite encore sur le fil conducteur... Quels sont les sujets qui me préoccupent? Il y aurait du tout venant (mais pas privé... Plus envie d'écrire des choses trop intimes..) - l'une ou l'autre participation à des ateliers d'écriture, du récit de vie, mais il faut déterminer là aussi un fil conducteur, l'histoire de Bruxelles - j'ai déjà plus d'une fois pensé à rassembler mes textes de blogs épars, sur le thème de Bruxelles, et à en faire un recueil cohérent. Et pourquoi pas ?

Mais je suis paresseuse, souvent ! Cela demande un tel travail! Créer un nouveau blog, le mettre en forme, réinsérer les liens... On n'y est pas encore!

Mais cela en vaut sans doute la peine.

Voilà. Il est poli d'avertir ses lecteurs qu'on ferme son blog. Je le fais. C'est-à-dire que je "ferme" et que je le dis.

Et je crois que c'est une bonne chose.

2 avril 2013

Pour mémoire, laboratoire d'un article...

"British visions: de l'observation à l'intériorisation" (1)

C'était à voir à Gand, en janvier 2008: environ 300 tableaux, aquarelles, gravures, eaux-fortes, photographies et illustrations. Issus de deux siècles de peinture, d'histoire, et d'expression artistique anglaise. Impressionnant! Des grands noms: Gainsborough, trois Francis BACON, dont un portrait fabuleux inspiré par le masque de Blake; Turner, (Dieu! Ses aquarelles!) Constable, (ah! Ses paysages!) Burne-Jones et Dante-Gabriel Rossetti, (deux peintres préraphaélites), Lucian Freud, John-Everett Millais, Augustus John, Sickert, William Hunt, Blake... Et tant d'autres.

the_blue_pool

Augustus John, Le Cap bleu .
Aberdeen Art Gallery and Museum ©

Sans compter des documents exceptionnels: Un livre illustré et mis en page, véritablement "historiographié" par les soins de William Morris et d'Edward Burne-Jones. William Morris est le maître incontesté du mouvement Arts & Crafs en Angleterre - véritable pendant britannique des Wiener-Werkstättes autrichiens, ou de l'art nouveau, tel que l'ont conçu Horta et Henry van de Velde.

Voilà ce qu'il y avait à "manger" - manger avec les yeux, l'ouïe, le toucher et le goût... Au musée des Beaux-Arts à Gand. La peinture anglaise! Inimitable et indicible. Si différente de la nôtre, et parfois très proche, malgré tout. Pleine de grâce... Elle a parfois une curieuse vocation illustrative. Je pense à un tableau de Millais, qui "illustre" la rencontre d'un jeune patricien et d'une petite paysanne...

millais_3

John Everett Millais, Southampton, Angleterre, 1829-1896.

Je m'étais longuement arrêtée devant une toile qui, en soi, n'avait rien de remarquable. Rien de comparable aux paysages de Constable, ni au souffle des Turner... Il s'agissait du chemin de fer et la petite gare de Letchworth.

Alors, pourquoi Letchworth?

En 1993-94 et 95, lorsque j'apprenais l'histoire de l'architecture et l'urbanisme, je me suis passionnée pour les cités-jardins. Conçues, planifiées et réalisées, pour l'essentiel, dans l'entre-deux-guerres, dans l'enthousiasme que suscitaient de nouvelles voies architecturales (liées à la découverte, relativement récente, du ciment armé et du béton - voir les immeubles des Frères Perret, à Paris), elles répondaient à une volonté plus affirmée de bouleverser les quartiers populaires et besogneux, et de construire un habitat répondant aux aspirations d'une population croissante, en matière d'infrastructures ferroviaires, d'enseignement, de santé, d'hygiène, de culture et d'espaces verts.

Et contrairement à des complexes industriels et ouvriers plus anciens, (comme aux Salines de Chaux, dans le Jura, au Grand-Hornu, aux familistères de Godin, (Guise et Bruxelles), ou à des habitats sociaux dans les quartiers pauvres), elles n'impliquaient pas une sujétion totale aux  grands industriels, fussent-ils des patrons frottés de philanthropie. (Euh! Ca existe ça???)

Letchworth, oeuvre de pierre humaniste et révolutionnaire, conçue en Angleterre par l'urbaniste Ebenezer Howard, est la première cité-jardin anglaise (et même européenne).

Letchworth_HeritageMuseum

Voilà qui préfigure tout à fait notre Logis-Floréal, (Watermael-Boitsfort), le Kapelleveld, (Woluwé Saint-Lambert), la Roue, (Anderlecht), la cité-Diongre, (Molenbeek), ou la cité Moderne, (Berchem Sainte-Agathe)...

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