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25 juin 2013

Ma mère et le carême...

C'est un peu un défi que je me lance. J'ai déjà lu quelques histoires, ici et là, chez des amies blogueuses, assorties d'un "avatar" qui m'intrigue.

Cela vient du blogue "Désir d'histoires - Les écrits d'Olivia Billington". Mais pas que! Comme Olivia le dit elle-même. Voilà un lien vers les jeux d'écriture proposés...

A la date du 24 juin, il s'agissait d'écrire un texte à partir d'une liste de treize mots: secret – mystère – dessert – gomme – mâcher – chewing-gum – s’étirer – libération – tondre – brebis – galeuse – puce – sale...

Cela me paraît compliqué, d'autant que, comme on le sait, je n'ai pas l'imagination narrative. Ou plutôt, la fiction et moi, cela fait deux! Enfin, essayons quand même! Mais je me rends compte que je n'ai pas respecté l'ordre.

***

Ma mère et le carême...

Ma mère ne manquait ni d'humour ni d'irrévérence. Ni de contradictions, d'ailleurs.

Cette histoire le prouve amplement.

Je ne sais si mes parents étaient très croyants (là n'est pas le sujet de mon histoire), mais en tout cas, ils étaient pratiquants. En somme, cela se résumait surtout à aller à la messe le dimanche, en suivant ou en précédant le sage troupeau des brebis chrétiennes du quartier.

Toutefois, il n'a jamais été question de faire le carême. Et pour justifier cela, ma mère disait, "avec la guerre, j'ai fait le carême pendant cinq ans". La guerre! Elle disait aussi qu'un des plus beaux jours de sa vie, c'était celui de la Libération de Bruxelles, le 3 septembre 1944. Et pourtant, c'était seulement la fin de l'Occupation. Il y aurait encore des choses terribles à venir, les bombes volantes, les épidémies, la diphtérie, la tuberculose qui emporterait ma grand-mère, à même pas cinquante ans... Et la découverte des camps d'extermination, les déportations, toute l'horreur de la Shoah. Hiroshima. Nagasaki. Et puis, l'après-guerre, l'épuration, dont on pouvait se demander -parfois- si elle tombait au bon endroit, au bon moment, sur les bonnes personnes. Quel exemple plus pathétique, en effet, que celui des femmes tondues... Elle qui était farouchement "patriote", et qui ne mâchait pas ses mots envers les collabos, les "Boches", "les souris grises" et autres affaires galeuses de l'époque... Elle n'a jamais jeté la pierre aux femmes qui étaient sorties avec des Allemands. Même si elle ne l'eût jamais fait.

Et je me rends compte, en écrivant tout ceci, que mon enfance a profondément été marquée par les récits de guerre de mes parents.

Il reste toutefois quelques mystères. Ainsi, il semblerait que mon grand-père -paternel cette fois- ait caché, durant toute la guerre, des cartes d'identité vierges dans un caisson à volet -dans le café familial. Après s'être étiré, le matin, très tôt, après avoir vaguement mâché un croûton de ce pain collant, à peu près aussi grand que trois puces et qui, d'après la légende, collait au plafond... Mon père levait les volets, rituellement. Sans soupçonner le précieux secret contenu dans le bois. Pourquoi, me demanderez-vous, trouver cela mystérieux? C'est parce que je ne le sais que de seconde main, si je puis parler ainsi. C'est ma grand-mère qui l'a raconté à mon père... Qui me l'a raconté, il y a quelques années. Il me manque juste la preuve concrète... Mais la légende a aussi son charme.

La faim et l'alimentaire tenaient évidemment une grande place dans les histoires de mes parents. Ainsi, peu avant la guerre, ma mère et sa soeur (respectivement quatorze et dix-sept ans), s'étaient promenées en ville et s'étaient arrêtées devant la vitrine d'un pâtissier. Ma mère rêvait devant les "profiteroles" et son dessert préféré, les mokas... Seulement, ma tante l'a emmenée manu militari, loin de la tentation. Résultat, ma mère a pensé à ces gâteaux pendant... Toute la guerre. Et même adulte, puisqu'elle m'en parlait encore !

Il faut dire que ma tante préférait nettement les bonbons et le chocolat. Goût que j'ai partagé -enfant- sans en recevoir jamais beaucoup... Par contre, si j'aimais les gâteaux -notre péché mignon familial- et le chocolat -comme ma tante-, je détestais le chewing-gum. Impression d'avoir une matière collante, gluante, d'un brun sale, qui stagne entre mes dents, et que je ne parviendrai jamais à extraire complètement de ma bouche. Rien de commun avec les gommes oursons ou souris, colorées ou noires, parfumées au "caliche" -

Comme on dit à Bruxelles... 

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Commentaires
M
J'aime ce genre de récit !
F
Bonjour,<br /> <br /> J'arrive chez toi, via Adrienne. Oui je suis comme toi, une bonne "brusselesse".<br /> <br /> J'ai lu ton texte n'ayant pas percuté qu'il s'agissait d'un atelier :) Oui oui je me souviens des caliches, trop drôle ce souvenir :) Je les adore encore et bien plus aux Pays-Bas appelés "dropjes" et plus salés. En France il s'agirait de Salmiak, très apprécié sur le blog de Oth67 qui les adore comme moi. Tout cela est bien loin du carême. Ton texte, je l'ai dévoré. Ce sont des souvenirs. La tentation un si beau magasin, aujourd'hui disparu comme bien d'autres. Tient je participe à l'atelier d'Egedane aussi :)<br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> http://filamots.wordpress.com
A
Je découvre ton texte avec presque un mois de retard! C'est vrai que fin juin et début juillet j'étais un peu "out". Sans doute pas comme après 4 ans de guerre, mais enfin... Bravo: si tu n'avais pas écrit les mots en gras, je ne me serais pas rendu compte de la consigne! Je semble moins marquée que toi par les récits de guerre de mes parents et grands-parents, mais il y en avait aussi bien sûr. Le thème revenait même fréquemment.
G
Pas de timbre moi si ce n'est ma voix qui porte haut les couleurs de mes passions lol<br /> <br /> Super ton texte Pivoine !!<br /> <br /> Le mien paraitra demain<br /> <br /> j'ai un atelier d'ecriture si cela te tente<br /> <br /> c'est là <br /> <br /> http://egedane06.wordpress.com<br /> <br /> Gros Bisous
Q
lol ! Non, c'est sérieux ??? Tu aurais ça ??? (Des timbres! Rien à voir avec l'Emir ben Kaliche zap, bien sûr o;)
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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