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22 juin 2017

Tizy et moi (de Claude Véla)

En 1930, Françoise Génolhac, 30 ans, célibataire, quitte Angoulême pour s'installer et travailler à Paris, dans un grand bureau (ministère ou société, on ne sait pas).

La vie commence dans le "bureau", dans le crépitement des "Underwood"; il y a "le patron", Tizy, dactylo, diminutif de Marie-Thérèse Boncourt, un rédacteur et deux employés. Tizy, qui pensait pourtant, "30 ans, venant d'Angoulême, la barbe!" est sensible au charme de Françoise Génolhac, qu'elle entraîne très vite, le soir, après le bureau, dans quelques sorties avec son fiancé Bob (Robert Combas) et les "amis" de Bob, un certain Denis, qui fait des "affaires" et a des "tuyaux" et une certaine Jacqueline, puis un Américain fou de cocktails, Dan Hansom.

Bob et Tizy attendent d'avoir assez de moyens pour s'acheter une voiture et se marier.

Françoise regarde ce couple avec un peu d'effarement, mais se laisse gagner par la spontanéité de Tizy. Parallèlement, elle déniche un petit resto au Quartier Latin - végétarien et tenu par des exilés russes- où elle prend ses repas et rencontre un autre couple de fiancés, Olivier (futur docteur en médecine) et Dominique (employée de bureau), qui lui semble à l'opposé de ceux qu'elle n'appelle pas encore ses "amis". Mais Tizy, qui, décidément, aime bien Françoise, l'emmène dans pas mal de courses harassantes (le trousseau). Elle ne veut pas entendre parler de le "monter" avec sa mère. Puis l'achat des meubles.

Tout le monde (c'est-à-dire les parents), voit cette amitié d'un bon oeil, car bien sûr, Françoise Génolhac aura -à la longue- une excellente  influence sur Tizy.

Françoise habite un studio (sans doute à la lisière de Paris), avec un balcon. Tout cela est décrit simplement, harmonieusement, dans une jolie langue, moderne pour les années 30, mais classique. On sent aussi que l'héroïne a connu une vie meilleure et que des revers de fortune, puis des deuils, l'ont amenée à vivre seule et à gagner sa vie...

(Maintenant, c'est le lot de la majeure partie de la population).

Elle cherche donc du travail supplémentaire et devient la secrétaire d'un avocat ami de son patron. Maître Philippe Herbault-Leuilly. Me H. Leuilly habite un vieil hôtel de maître, a deux jumeaux de trois ou quatre ans, et... Est veuf. Une "Nounou" garde ses enfants (une Provençale de caractère), qui a son franc-parler, comme toujours dans ce style de romans. Quelques "employés de maison" se succèdent aussi, rebutés par le caractère intransigeant de "Nounou".

Mais Françoise est là, qui résout beaucoup de problèmes, faire engager un repris de justice, client de Me H. L., lui trouver un couple d'employés de maison fiable (pour ne pas dire domestiques ou serviteurs), etc.

Tout ronronne donc bien dans la vie de Françoise, Tizy se marie, part en voyage de noces, emménage, et continue de sortir dans les cafés parisiens avec son mari. Tizy rêve de faire du cinéma et fait un essai... Ce qui provoque la rage de son jeune mari. Ahurie, puis furieuse, Tizy découvre un mari très différent du fiancé joyeux et joueur de poker, à l'occasion. "Mange ton rouge" lui dit-il. Il veut bien qu'elle arbore un rose à lèvres "de femme du monde", mais pas ce "rouge du tonnerre", comme dit Tizy. Françoise, un peu à contrecoeur, est amenée plus souvent qu'elle ne le voudrait à mettre du liant dans la famille de Tizy - lorsque celle-ci reçoit ses parents et beaux-parents pour la première fois.

Et puis, un jour, elle lit dans le Journal des procès qu'on annonce les fiançailles de Maître Herbault-Leuilly avec une cousine, également avocate d'avenir. Fiançailles rêvées par la cousine et par la mère de l'avocat que Françoise Génolhac a rencontrée et surnomme en elle-même "Madame Mère". Ecroulement. Françoise Génolhac découvre qu'elle s'est mise à aimer cet homme et que leur collaboration ne pourra durer éternellement.

Mais les choses prennent évidemment un tour différent. D'abord, Tizy se sépare d'avec son mari, après une énième dispute et comme elle veut divorcer, Françoise l'emmène chez l'avocat. Avec le secret espoir qu'il va influencer la jeune femme pour qu'elle renonce à ce projet. On est dans les années 30, pour pouvoir vivre hors du domicile conjugal, Tizy a besoin de l'accord de son mari, que Françoise obtient.  Pendant plusieurs semaines, elle va travailler à la réconciliation du jeune couple et va y arriver - avec l'aide de l'avocat qui impressionne fortement Tizy.

Au moment où Françoise respire, puis retourne travailler chez l'avocat, mais tout en soupirant, elle trouve le père angoissé et la Nounou en affaire "Maï de que vas..." Les enfants sont malades. Plusieurs épidémies régnent à Paris, et au retour de vacances chez leur grand-mère, ils sont en piètre santé. Naturellement, Françoise s'offre pour les soigner. On ne trouve aucune infirmière libre à Paris, et dans les années 30, il n'y a pas d'antibiotiques (...)

Les jumeaux guérissent... Maître H. L. faissant de plus en plus la différence entre sa "fiancée" qui ne vient pas voir ses enfants, craignant la contagion, et la jeune femme qui, travaillant déjà, n'hésite pas à se dévouer à tout le monde. A ce rythme-là, évidemment, Françoise Génolhac tombe malade à son tour. "Le coeur qui bat la berloque", un "point au sommet du poumon", elle craint de devoir affronter la maladie dans sa solitude. Mais Tizy, heureuse, arrive avec Bob et prend la situation en mains. Maître H. L. envoie son propre médecin, et Nounou, le soir, avec des paniers de vivres, de vin et de livres. Puis, Françoise partira en convalescence à Hossegor.

Elle y recouvre la santé, sinon le bonheur, et reçoit un abondant courrier : longues lettre de Tizy, qui attend un enfant, et cartes postales de ses amis Olivier et Dominique, et de Me H. L. "Bon rétablissement, à bientôt, Philippe H. L."

Et je vous laisse deviner sans peine ce qui arrive.

Maître H. L. rend sa liberté à sa "fiancée", met sa mère au fait, et file à Hosssegor.

tizy et moi

***

Ce serait très amusant d'imaginer le retour de Françoise Génolhac à Paris avec son "fiancé". Ecrire un dernier chapitre... Comment et quand va-t-elle arrêter de travailler? Je l'imagine très bien insistant pour travailler jusqu'au dernier moment, et Philippe H. L. lui faisant remarquer qu'elle ne peut être la secrétaire de son ami à lui, alors qu'elle est sa fiancée en même temps.

Où va-t-elle loger? Je l'imagine aussi trouvant logique de rester dans son petit studio, alors que son fiancé voudrait qu'elle ait une vie plus confortable, mais ne peut sans doute l'héberger chez lui (à l'époque, cela ne se faisait pas). J'imagine Françoise marraine du petit garçon ou de la petite fille des Combas, puis mariée, et devenant non seulement la mère adoptive de Jimie et Mijie, mais pourquoi pas, mère à son tour.

Et puis, j'imagine tout ce petit monde, dix ans après, en 1940, que vont-ils devenir ?

***

Je n'ai rien lu d'autre de Claude Véla, dans ma prime jeunesse, il devait encore y avoir moyen de trouver l'un ou l'autre de ses romans dans une quelconque bibliothèque. Et on trouvait encore des volumes de la Bibliothèque de ma Fille aux Petits Riens. Mais rarement.

Sur un site de vente en ligne, je vois "Princesse aux étoiles", "Coeurs chancelants", (Echo de la mode, 1953), "La dérive", "Le chemin douloureux"... Etc. En réalité, elle s'appelait Marie-Louise Grobert et a écrit des romans populaires, dans l'Entre Deux Guerres et juste après la guerre et est morte en 1966.

Sur un site de vente en ligne, un exemplaire de "Tizy et moi", de 1942, relié il est vrai, se vend une quarantaine d'euros.

Et "Les Veillées des chaumières", revue dans laquelle ont paru tous ces romans (et dont je possède 7 volumes environ, de 1921-1922 à 1929), existent encore - et ont même une page facebook !  Mais les miennes risquent de disparaître, à plus ou moins long terme, à cause de la qualité acide du papier... L'encre a d'ailleurs fort pâli avec les années.

Mais mon chat s'y plaît fort...

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Commentaires
A
Tiens tiens... moi j'aurais imaginé une autre suite, que je ne te dévoilerai qu'en privé ;) . Tu la devines en partie peut-être. Cela pourrait d'ailleurs m'inspirer pour un roman reprenant certains aspects, mais à cette époque-ci et tout à fait différent. J'oublierai cela sans doute... A suivre! :)
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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