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30 août 2012

Recherche de sens...

"Au début", quand on a annoncé la probable libération conditionnelle de Michelle Martin, j'ai tiqué. Ma première réaction a été épidermique, je ne comprenais pas qu'une femme qui avait fait ce qu'elle avait fait (et je ne savais pas tout, je n'avais pas lu toute sa confession), condamnée à 30 ans de prison, sorte à la moitié de sa peine.

Bon, j'ai "intégré" le fait que les jurés de l'époque ont pu la condamner à trente ans de prison, en connaissance de cause, c'est-à-dire en tenant compte de la loi Lejeune, sur les libérations conditionnelles, assorties d'un plan de reclassement, avec un lieu d'hébergement à la clé (ah! Moi aussi j'aimerais aller au couvent, mais à Hurtebise !!! Et qu'est-ce qui m'en empêche, hein? Mon appart! Comme d'hab!)

D'un autre côté, je me demande comment certains peuvent se payer des pénalistes de renom, alors que je ne pourrais me payer qu'un avocat pro deo, en cas de pépin, et je n'ai ni tué ni volé ni violé, ni rien. Je ne sais même pas si j'aurais droit à un avocat pro deo!

Ensuite, je me suis dit qu'il y avait un problème. Si on dit "30 ans", ça doit être 30 ans, et si en réalité, on en preste 10 ou 15, pourquoi ne pas dire tout de suite "dix" ou "quinze" ans? Mais je sais que tout ça n'est pas si simple...

Par exemple, je ne suis pas du bord de ceux qui réclament une peine incompressible, et tout mon être se révolte, corps et biens, quand on évoque seulement la peine de mort. Je trouve qu'un des plus grands progrès humains est l'abolition de la peine de mort, même si cela a parfois amené des situations étranges (j'ai regardé quelques émissions "faites entrer l'accusé", où l'on abordait cette question à travers certains crimes particuliers -et histoires de criminels).

Maintenant, crier avec les loups, honnir les Clarisses de Malonne, traiter tout le monde de pédophile, non. En résumé, je suis nuancée. C'est parfois terrible d'être nuancé. On s'inscrit quasiment toujours en faux avec quelqu'un. Je ne hurle pas avec les loups, mais je comprends les réactions épidermiques, disons que je ne les comprends pas, mais j'admets qu'elles existent. Je ne suis pas sûre qu'elles soient judicieuses (peut-être se rapprochent-elles fort du - par exemple- "tous les chômeurs sont des paresseux"), mais je pense que beaucoup de personnes sont légitimement horrifiées par les crimes qui ont été commis sur les enfants et les jeunes filles, auxquels M. M. a contribué -activement.

Moi aussi, j'en arrive à la question du silence. Pourquoi s'être tue? Comment peut-on se taire? Comment peut-on tomber dans certaines situations? Comment peut-on arriver à vivre en sachant ce qui s'est passé, jour après jour, au quotidien? Moi, je me flinguerais, je crois. Je ne pourrais pas arriver à vivre avec ça.

Et je me demande, d'ailleurs, si l'absence d'expression d'un regret quelconque, n'est pas due au fait que, chez certains criminels (et/ou chez leurs complices, plus ou moins actifs), la douleur- serait énorme, insupportable, si seulement, ils réalisaient l'ampleur de leur(s) crime(s). Et finalement, il y a toujours cette question qui se re-pose, de quel côté préférerais-je me situer? Du côté de la victime? Ou du côté du bourreau? Je crois que j'aimerais encore mieux être du côté de la victime, même si dans le fond, j'aimerais surtout qu'il n'y ait plus ni victimes ni bourreaux...

Parfois, c'est effroyablement lourd, d'être un être humain.

Comment peut-on vivre dans un monde aussi beau, se sentir aussi bien, aussi légère, par exemple, quand on escalade un sentier arboré, dans le Brabant wallon, à 8 heures du mat' Un carton de lait de soja à la main... Et vivre au milieu d'une humanité aussi souffrante, aussi épouvantable... Et tout ça en se disant qu'il faut s'en accommoder, hic et nunc, parce qu'après la mort, pfffuiiiit !

Cela voudrait-il dire que seul, le hasard, qu'il nous soit favorable ou défavorable, régit tout (ou ne régit rien)? Quelle liberté nous est laissée, d'agir ou de ne pas agir, dans ce contexte? Et de nous en satisfaire, ou non?

Le débat est ouvert...

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Commentaires
P
Ah, c'est drôle, je crois que j'ai écrit "foi" au lieu de "loi" ... Quel lapsus ! <br /> <br /> <br /> <br /> Bon, Anémone, mais sa place sera vite prise, en prison. Et dire qu'elle était à la prison de Berkendael, là où il y avait mon ancienne école!
A
Elle nous coûtera moins cher dans un couvent qu'en prison.
P
Bonjour, Cassy, ravie de te lire. Ah! Toute l'opinion belge s'énerve, pour le moment... Hélas! Chez nous, les peines incompressibles n'existent pas. La perpétuité est rare. Elle peut être assortie d'une "mise à disposition de l'Etat", ce qui est le cas je crois, de M. D. (je ne peux le nommer). M. M. a pris trente ans, mais il y a ce système -valable pour tout le monde- de libérations conditionnelles si et seulement si il y a un plan de reclassement bien précis, avec lieu d'hébergement etc. Les uns s'en tiennent à la foi, les autres laissent parler leurs tripes et il y a ceux qui se situent entre les deux. La loi sur les libérations conditionnelles est en passe d'être changée, mais il y en aura toujours. Ce ne sera plus au 1/3 d'une peine, mais à la moitié. La peine des familles, oui, et il y en a eu minimum six, de touchées, sans compter les autres cas... Victimes d'autres criminels...
C
Je suis comme toi viscéralement contre la peine de mort, et lorsqu'on me rétorque que si c'était mes enfants... Sauf que si c'était mes enfants, je réagirai épidermiquement et non pas intellectuellement, je deviendrai alors un monstre capable de tuer oui... pour me venger de la mort de mes petits. Je ne serai alors plus sans foi ni loi, et donc dangereuse, mais incroyablement en souffrance...<br /> <br /> Ce qui n'est pas le cas des jurés qui devraient décider de la condamnation d'un homme à mort sur la foi de preuves plus ou moins tangibles. Et qui donc, au nom de quoi, de qui? pourrait décider de la mort de tel ou telle personne. <br /> <br /> De quel droit pourrait on décider que tel homme qui a tué un policier doit être tué, et tel autre qui aurait tué l'amant de sa femme, pourrait s'en sortir? <br /> <br /> C'et un long débat, vieux comme le monde, qui j'espère ne reviendra jamais sur le devant de la scène car il est l'apanage des gens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.<br /> <br /> En ce qui concerne cette femme, je suis choquée qu'elle puisse sortir si vite, je pense que sa peine aurait dû être incompressible. Dans ce cas il y a non seulement une femme qui se tait, mais une femme qui agit pour son bourreau de mari, et qui laisse mourir de faim des gamines, des enfants , et qui les laissent souffrir pendant des mois.<br /> <br /> Voilà que je me contredis avec ce que j'ai dit plus haut: il y a une échelle des valeurs pour moi: cette femme a commis le pire, au même titre que son mari, et je suis choquée qu'elle puisse sortir si rapidement de prison. La peine des familles est, elle éternelle...<br /> <br /> Merde! Je m'énerve, mais comment réagir autrement :o)
P
Ben Walrus, chuis pas sûre qu'elles seraient d'accord ... ... ...
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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