Homo bricolissimus moyennus
Vous achetez un meuble, Ikea ou Kew Lox, un luminaire Aldi, une chaise de dactylo GB, n'importe quoi à monter.
L'homme, n'importe quel homme, que ce soit votre votre mari, votre compagnon, le mari de votre amie, votre fils (bien que lui rigole comme un tordu en appelant son copain "le roi du tournevis"), ou votre voisin, commence par fébrilement défaire les paquets, ôter les papiers, sortir les pièces et puis.
La première parole est:
"IL MANQUE UNE VIS ! (ou, variante, "IL MANQUE UNE PIECE! TOUT N'Y EST PAS!").
Commence alors un gymkana impossible, on regarde dans les coussins, par terre, on réexamine les cartons, on rouvre tous les sachets plastique, on vérifie leur (absence de) contenu. L'homme étale scrupuleusement les vis, les clés alène n° 3, les tournevis, les couteaux à peintre (je ne sais pas pourquoi, mais vous en avez une quinzaine, qui remplissent votre boîte à outils dont les outils utiles, eux, ont tous disparus!) - Et alors, l'amie bienveillante se donne la peine de regarder attentivement la notice, or, d'après eux, "c'est incompréhensible, cette notice, c'est du chinois!"
"et voilà, ça ne serait pas ça, ta vis ?"
"Ah oui!" reconnaît-il. En attendant, il tape comme un forcené sur l'armoire Ikéa, ("une fois que c'est monté, tu sais plus démonter ça!") l'armoire Kew Lox "(ça travaille avec le temps ça ne vaut rien"), vous ouvrez les fenêtres toutes grandes, il règne déjà une chaleur de four dans l'appartement, et alors là, soit vous pouvez vous esquiver, et vous le faites, le laissant lâchement à sa chaise ou à sa lampe, soit, vous êtes coincée, il hurle et vous hurlez plus fort que lui, "bordel! De Merde ! De maquereau qui exploite les femmes!" - "Saloperie!" - et autres joyeusetés. Et de colère, parce qu'il ne vous a même pas laissé le temps de terminer votre café du matin, vous saisissez un marteau et vous démolissez une toile que de toute façon, personne n'aime. Soit, c'est l'après-midi, et vous courez à la toilette, car vos intestins ont décidé de partir en vrille. Ou la migraine se déclare, violente, bref, c'est l'enfer des hommes qui doivent bricoler et ne savent pas bricoler. Et des femmes qui n'en peuvent rien, mais se trouvent là, et qui, fidèles au poste, subissent !
Et quand ils enfoncent les clous de travers, c'est la faute des murs.
Quand une foreuse explose le mur, c'est la faute à la construction de Saint-Nicolas de l'architecte.
Quand ils ont bien monté une douche à l'envers, ils déclarent, "tant pis! C'est comme ça, j'en ai marre, ça restera comme ça".
Comme quoi, il ne faut leur demander que ce qu'ils aiment faire et qu'ils font bien, peindre un mur en beige par exemple (en insistant pour qu'ils mettent d'abord le primer, et si vous n'aviez pas commencé à le placer vous même, ils ne l'auraient jamais mis!), ou sidoler du cuivre et joliment repeindre une chouette petite table de nuit - un souvenir des magasins Vanderborght...
Des vacances comme ça ! Plus jamais... Le premier qui me parle encore de travaux et de caisses de déménagement, je les lui fais manger ! Centimètre carré par centimètre carré...