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28 août 2012

Le Jura

"Ca y est? On est dans le Jura?"

"Non, c'est toujours le Doubs", répond-elle.

L'une pense "départements", l'autre, "région".

A Strasbourg, elles sont descendues du Trans Europ Express, bordeaux et beige, le TEE 90/93, "Edelweiss", qui relie Bruxelles, Luxembourg, Strasbourg et Bâle à Zürich. Le train qui fait rêver tout ferrovimane qui se respecte, avec le wagon-restaurant et ses petites lampes, avec la voiture-bar et ses sandwiches au gruyère / tomates...

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Trans Europ Express (DB) - rame allemande - cliché (c) WIKIPEDIA.

A Strasbourg, elles ont cherché un lieu où se restaurer. Je crois qu'elle a mangé -pour la première fois- de la tarte aux oignons. Ou de la tarte flambée. A moins que ce ne soit de la tarte de Munster, à la viande hachée, je ne sais plus! Ce qu'elle retiendra, de ce moment, je crois, c'est une impression de liberté. S'asseoir à une table, avec une amie, et choisir son menu, c'est la liberté.

A Strasbourg, elles sont montées dans le Strasbourg-Vintimille. Un long train, bien sûr, interminable, et elle adore, quand elle regarde par la fenêtre, évaluer la courbure du convoi. Bien qu'elle n'aime pas le mot "convoi". Mais comment expliquer cela?

Le train, c'est le bonheur. Il y a le bruit, le balancement, les sensations fortes, le paysage qui défile, les noms de villes... Les campagnes, les gens, une espèce de halètement mystérieux, qui vous prend aux tripes, vous porte, qui est la vie.

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Le Strasbourg-Vintimille en 1980, à Villefranche, cliché (c) La Vie du Rail.

Et puis, l'arrivée. Mais à l'image réelle d'une arrivée à Lons-le-Saunier, un jour d'août 1977, se substitue une gare de rêve, comme un chromo du temps passé. Avec des passages à niveaux rouges et blancs, des vasques plantées de rosiers de toutes les couleurs, des effluves de charbonnier, de bois, fissuré par la chaleur, tout le vacarme de l'électricité, et, peut-être, en écoutant bien, le sifflement des trains carénés P.L.M., en écho.

Mais il y aurait aussi, dans ce tableau, le ciel bleu du Jura, l'air vif et coupant des sommets, même en été, la Franche-Comté, Louis XIV, la guerre et l'annexion, le vin d'Arbois, l'omble-chevalier, les Hauts-Sapins, l'odeur du bois fraîchement débité, les scieries au milieu des forêts -juste comme dans les Ardennes- et puis aussi, la chère Edith de Ferlac et sa fuite nocturne, à bord d'une carriole de paysan, entre une ferme bressanne et un orphelinat lyonnais. Et la naissance de Marguerite Bourcet, à Dôle, le 25 août 1899, et pourquoi pas, en reculant plus encore dans le temps, toute la langue d'Emmanuel Soy et celle de Blanche de Buxy (de son vrai nom, Marie-Louise Blanche Legrand).

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Commentaires
P
Coucou anémone ! Un tout grand merci ! Mille bisoux!!!
A
Merci Pivoine pour ce voyage où tu nous emmènes avec tant de sensibilité et de culture. Ton texte appelle mes souvenirs mais m'apprend aussi beaucoup de choses, et je me suis délectée à le lire. Bravo et chapeau bas pour tant de connaissances, de finesse dans les sensations, et ta si belle façon de les écrire.
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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