Portrait. Coquin. Détourné.
Insomniaque
Une femme se lève et se promène dans la pénombre des rues désertes.
Ce silence dans les maisons - les pensionnats.
Les chambres ou les dortoirs.
Il est six heures et c'est l'été et déjà, les portefaix amènent à grands renforts de cris et de chants les tentes du marché.
Les carillons sonnent un matin tout bleu au beffroi de l'hôtel de Ville.
Patiente, dans un mouvement posé, elle polit les cuillers à thé, hume la lavande officinale, les pétales de souci, caresse les tasses en porcelaine puis croque une demi-lune de pâte feuilletée.
Et comme la mère qu'elle a toujours été, elle contemple le sommeil de ses enfants.
Il est six heures et c'est l'hiver... La tentation est grande de se glisser en catimini dans le bureau et d'écrire, de toujours écrire.
Un portrait. Coquin. Détourné.
Comme la chair palpitante d'une épaule...
Insomniaque, qu'importe ? Elle se blottit dans des coussins et recense de menus souvenirs d'amour.
Elle écoute le silence
La mélodie du bonheur
"PEU OU PROU".
Tant de révolutions à travers l'inconnu !
Bruxelles, été 200...
Deux pies sur une branche,
peinture de Simon Bussy (Dôle, 1870- Londres, 1954)