Retour à Etrimo
Ou histoire de deux divans, d'un camion, d'un miroir brisé et d'une déchetterie.
Ce matin, ou plutôt, ce midi, un camion -débarrassé de son outillage- quitte la petite cité de G***, direction Anderlecht, le canal et mon Etrimo 1966. Avec à son bord, une copropriétaire stressée, deux hommes et un divan à 3 places devant remplacer un divan 2 places 1/2 définitivement dévoré par 3 chats dont deux se sont envolés (du moins je l'espère) vers une vie meilleure, c'est-à-dire vers un nouveau maître enfin, soit, passons.
Tous deux (les "H"ommes, hein, pas les chats!) ont le compas dans l'oeil, mais l'un d'eux l'a à la millième puissance. Car c'est un homme de métier, ferronnier d'art et sculpteur de métal, (entre autres talents) pour qui 1 millième de millimètre a une importance capitale. Le moindre de ses escaliers auquel il manquerait une longueur, fût-elle infinitésimale, rendrait sa construction bancale...
Or donc, nous arrivons devant la porte d'Etrimo 3/4 heure après. On décide d'estimer la grandeur de l'ascenseur pour vérifier si le canapé y tiendra - avant que de le sortir du camion, le spécialiste doute d'y arriver et je ne sais pas pourquoi, on ne l'a pas écouté. Pas suffisamment. Et il avait raison. Le divan n'est pas entré dedans, dont coût, un miroir cassé... Dans l'ascenseur.
Et sept ans de malheur, dit-on.
Comme une mauvaise idée ne vient jamais seule, et qu'on avait un divan en trop dans notre vie, j'ai décrété "on va le porter aux Petits Riens, plutôt que de le mettre au Centre de tri de Forest..." Mauvaise idée. Qu'allais-je faire dans le quadrilatère rue Américaine, rue du Tabellion, rue du Prévôt et rue du Mail? Les Petits Riens n'en ont pas voulu: il était trop sale à leur goût (bon, évidemment, la housse était blanche et plus très fraîche), et ils n'ont pas de service de nettoyage. J'ai eu beau argumenter que n'importe qui serait content d'avoir un divan en bon état pour pas cher (surtout moi), il n'y a rien eu à faire, le préposé aux dépôts nous a répondu: allez un peu plus loin, à la déchetterie. Oui, mais voilà, la déchetterie en question est communale. On n'a pas voulu de notre divan. Moralité, on s'est dit qu'on allait le ramener au parc à conteneurs de Genval, dont on connaît à peu près les heures d'ouverture.
Qu'avez-vous fait de votre samedi ? Se demandait mon beau "beau-frère" qui n'est pas du tout mon beau-frère, mais finalement, l'est plus que le seul qui l'a été en vrai... "J'ai promené un divan" a-t-il répondu in petto (et pas péto, hein! Ne confondons pas!) Moi, j'en aurais bien pleuré. Et le léger mal de tête que j'avais en me levant se transformait en migraine. Finalement, la déchetterie de Genval était ouverte, les conteneurs étaient vides et nous avons pu nous débarrasser du canapé, de ses coussins (snif!) et des 4 pieds en plastique que j'avais fourrés dans mon sac à dos (dans l'espoir de faire rentrer le meuble dans l'ascenseur).
Moralité, mon vieux divan dont la housse est une véritable charpie et dont j'ai déjà voulu me débarrasser à deux reprises est toujours "chez moi" (mais où est mon chez moi? Ma maison, ma maison, comme chantait Françoise Hardy...) et restera sans doute là encore longtemps...
Après ça, il ne restait qu'à noyer notre (mon) chagrin d'être déménageurs sans vocation dans un verre de coca zéro, de rouge qui dépote ou de Leffe blonde... Ce que nous avons fait sans hésiter...