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25 décembre 2011

Demoiselles de Saint-Cyr

Cette fois-ci, je réponds à la consigne d'écriture des Défis du samedi.

Il y a toujours un brin d'humour dans ces consignes... Et les textes sont souvent étonnants !  Et puis, avec un intitulé comme "On m'a offert un cadeau." Qui on? Et quel cadeau? Il peut paraître difficile d'échapper à son histoire personnelle ou à la période de noël.

Je n'ai pas sacrifié noël, j'ai donc envoyé un petit conte, mais pour une fois, oui, pour une fois ! J'ai donné dans la fiction complète... Bien que cette mini-fiction soit nourrie d'un tas d'éléments puisés dans ce que j'aime. Mon histoire se déroule au XVIIème siècle, sous le Grand siècle, que je crois bien connaître, enfin, pas trop mal, peut-être pas pour la succession des dates, mais en tout cas, en "histoire de tous les jours" - l'histoire qui m'intéresse le plus... Et dans un contexte qui, en somme, m'est familier, à savoir l'école. Il m'a suffi de transposer mes deux personnages dans une école du passé, Saint-Cyr, l'institution "laïque" de Mme de Maintenon. Ou plutôt "La Maison Royale de Saint-Louis".

Dont l'organisation a servi de modèle à l'institution française de "La Légion d'honneur" - et, sûrement, de plusieurs autres écoles.

costume_dune_demoiselle_de_saint_cyr_saint_cyr_l_ecole

(source: Patrimoine des Communes de France, Saint-Cyr-L'école, Yvelines)

Ne fût-ce que pour la classification des élèves en fonction de l'âge, et l'attribution d'une couleur à leur classe: rouge (ou rose) pour les petites, jaune ensuite, verte pour les adolescentes et bleue pour les jeunes filles...

***

" Extrait des Mémoires de la Maréchale de Boissia,
née Anne de Grandcourt.

A Saint-Cyr, à la Noël de l'an de grâce 1711, le froid était intense. Pourtant, nous ne manquions ni de bois dans nos cheminées, ni de chandelle pour nous éclairer, ni de couvertures dans les dortoirs. Et nous n'avions pas faim. Pas vraiment faim en regard de nos paysans affamés, dont l'ordinaire habituel de bouillon clair se complète, la veille de la nativité, d'une grillade, d'un morceau de boudin frais ou d'une pompe aux fruits.

Nous avions eu, ce 24 décembre-là, un souper improvisé, en l'honneur de la visite de notre bienfaitrice à toutes et de Sa Majesté le Roy. Ensuite, il y avait eu concert et je me souviendrai toujours de cet instant parfait où une formation de musiciens a joué la Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris. Oui, c'était  vraiment un moment rond et parfait que celui-là, aussi délicat et coloré que le parfum des oranges de montagne que nous avions reçues au dessert. Mon amie Lucile de la Faille était en beauté. On chuchotait qu'un riche parti l'attendait à Versailles, qu'un titre de duchesse auréolerait bientôt son visage, et que son trousseau serait de la toile la plus fine. Mais cette année-là, elle était juste ma meilleure amie, un peu ma marraine, un peu ma grande soeur, avec son visage rassurant sous la coiffe blanche, sa robe d'étamine couleur puce, et le ruban bleu qui la classait dans les "grandes", alors que je terminais mon parcours chez les "Vertes", âgées de 10 à 15 ans.

Parfois, au milieu de ma vie, au détour d'un sentier du parc, ou dans les pièces douillettes bien que solitaires de ma maison, je m'arrête un instant pour songer à ce noël de l'année 1711, à ce moment où Lucile est venue me rejoindre, entre le concert et la messe de minuit, pour m'offrir un paquet joliment enrubanné de papier. C'était ses menus cadeaux de noël, préparés en secret, et réunis avec amour: un petit sujet de pâte d'amande, un biscuit à la cannelle et des pâtes de fruits... Mais la surprise, c'était ce mouchoir de toile monogrammé, sur lequel elle avait brodé nos initiales entrelacées, A de G. et L.de la F.

Elle est là, devant moi, comme neuve, bien qu'un peu jaunie, juste sortie de son tiroir où je l'ai emballée dans du fin papier de soie, cette chère relique du passé. Un jour plus ou moins lointain, je la transmettrai, telle quelle, à notre fille, Aimée, qui est autant la sienne que la mienne, puisque mon défunt mari l'a adoptée comme la nôtre, après la mort de Lucile... Puisse Aimée et ses enfants connaître en ce siècle du Roi Bien-Aimé et des Lumières un meilleur sort que ne le fut le nôtre..."

 

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Commentaires
A
Merci, chère Pivoine, pour ta jolie nouvelle. Moi qui ne suis pas passéiste (et n'aimais pas l'école), tu m'as enchantée par ton style si vivant,lui aussi rond et parfumé comme l'orange et délicat comme la pâte d'amandes. Je retrouve bien ton âme et ta patte délicates dans cette histoire.<br /> Amitiés à toi tout comme à Pivrose, et au grand et prochain plaisir de vous revoir.
P
Coucou chère Pivrose... Merci et meilleurs voeux à toi aussi. Oui, hein, il est beau ce coucher de soleil! C'est quelque part entre Rouen et la mer...
P
Joyeux Noël et bonne année chère amie, j'aime beaucoup la nouvelle page de présentation avec ce coucher de soleil.
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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