Je donnerais cher...
Pour dénicher ces deux livres-là...
Qui sont des suites de trois romans -de vraies bluettes pour jeunes filles de bonne famille - des années 20, 30, édités dans "Les veillées des chaumières" (chez Gautier-Languereau).
Il s'agissait d'une suite. "Le collier des jours", mettait en scène l'héroïne, Brigitte d'Esclarande, amoureuse d'un de ses cousins, "le marquis de Champlaur" - blessé en 14-18, sous Douaumont. Brigitte, héroïne tout à fait imparfaite, est la fille d'un vicomte veuf et remarié, et d'une vicomtesse parvenue, (comme on disait à l'époque), adorant recevoir chez elle "une salade de gens" - au grand déplaisir de son mari et de son aristocratique famille. Le marquis de Champlaur déteste cordialement cette cousine émancipée, aux jupes courtes, chevauchant en tenue de cavalier, et tombe naturellement amoureux de son antithèse absolue, une blonde jeune fille romantique - à l'air romantique - Marie de Dalès. Seulement voilà ! Marie de Dalès est amoureuse (et réciproquement) du jeune frère du marquis de Champlaur. Pour corser le tout, une haine solide sépare la famille de Champlaur des Dalès, ce dont le marquis, lui, se moque bien. En somme, c'est, à peu de chose près, un avatar français du Darcy de Jane Austen. Lorsqu'il apprend que son jeune frère lieutenant et Marie de Dalès sont secrètement fiancés, héroïque jusqu'au bout, il force sa mère (une vieille aristocrate coquette et égoïste), à marcher sur son ressentiment pour permettre à Jean de Champlaur (le préféré qui plus est) d'épouser Marie de Dalès.
Eperdu de douleur, malade, (on n'a pas peur du ricicule... Comme si on pouvait aimer quelqu'un sans le connaître vraiment!) il se réfugie dans la propriété de famille de Brigitte d'Esclarande, au château de Rébusat, en Ardèche, et quand il découvre enfin qu'elle l'aime et qu'elle semble valoir mieux (!) que ce qu'elle paraît, il la demande en mariage...
Cela finit sur un escalier, dans un verger, avec un petit volume de nouvelles délicieusement suranné - je le sais, je l'ai lu - de Francis Jammes, "Pomme d'api", "Clara d'Ellébeuse" et quelques autres.
Sept ans plus tard, Eric de Cys (l'auteure) remet le couvert avec "Mesdames de Champlaur" ou comment la marquise douairière et la jeune marquise de Champlaur vont s'entraider de façon inattendue, et la jeune marquise, se faire enfin aimer de son mari. D'autres personnages gravitent autour des héros, à vrai dire hilarants, comme Mme Fargueyrol et son gendre, le machiavélique Even d'Oulmet, qui ne craint ni Dieu ni le diable, mais trouve que le gendarme est une bien belle invention, et son amie, Mme d'Escharaville.
Dans "Les lumières de la maison", le marquis et la marquise de Champlaur sont mariés depuis longtemps déjà, ont deux enfants, gardent leur nièce chez eux, Anne de Champlaur, et réussissent le tour de force de réconcilier un jeune couple, lointains cousin et cousine de Brigitte, Pierre et Marie d'Aruns. Là aussi, il y a quelques personnages curieux, comme Mlle de Fonclaret, la vieille fille au profil de belette, qui s'incruste pour le thé, rate volontairement son autocar, essaie de marier son neveu à tout prix et colporte les nouvelles de village en village...
Mais que peut bien raconter ce volume à la couverture -horriblement- illustrée? Je n'en sais même rien...
Quant à ce volume-ci, "Anne de Champlaur étudiante", ma mère rêvait de le lire, déjà, de le dénicher chez les bouquinistes. Mais nous avons toujours fait "chou blanc".