Bon, le plus important ...
Je crois que maintenant, je peux l'écrire ... Mon fils commence à travailler mardi !
Eh oui, mon petit garçon de 1986 ... Que je revois à tous les âges de la vie ... Et à -presque- toutes ses premières fois, celui que je revois revenant avec ses feuilles du contrat de mathématique, en primaire, et avec sa méthode orthographique Morand qui lui donnait (qui nous donnait envie) de tout envoyer baldinguer par la fenêtre ... Et avec ses poux, qu'il me passait généreusement. Et nos courses folles autour du salon, moi avec la bombe anti-poux et lui, riant aux éclats.
Bref, foin de tous ces souvenirs, il est lancé dans le vaste monde.
Car "on" est venu le chercher (alors qu'il lui reste un bout de session à présenter en septembre), pour un boulot. Un CDI. En français, on appelle cela du "soutien logistique intégré" (Qu'est-ce que cette diablerie-là?) Voyons un peu ce qu'en dit Wikipédia... Il lui est arrivé ce qui ne m'est jamais arrivé à moi, qu'un employeur vienne le chercher quasiment à domicile pour lui proposer un travail qui est en soi un vrai défi. (Pour ne pas employer cet anglicisme épouvantable de "challenge")
Bien que parfois, j'aie décroché certains emplois "au culot". C'était quand j'étais très motivée... Une qualité que l'on appelle maintenant "pro-activité" - je ne sais pas trop ce qu'on entend par là, vu que je ne connais que Becel pro-active (lol).
Revenons à lui. A partir de là, rien n'est acquis, puisqu'il y a une période d'essai de six mois et tout de même, un écolage d'un an à peu près, avec des "pics" et des "paliers", si je puis dire.
Et en l'écoutant, je mesure le fossé gigantesque qu'il y a dans nos façons de percevoir les choses. Pour lui, bosser, c'est s'éclater, pour moi, c'était non seulement bosser, mais surtout, consacrer 75% de mon énergie (si pas 99,99999 %) à contourner les peaux de banane qu'envoyaient les collègues, les petits "caporaux" et les patrons souvent plus cons qu'intelligents (mais je suis sans doute mal tombée). Pour moi, l'entreprise, c'était une forme de guerre contemporaine, dans laquelle, finalement, on était perdant quand on n'avait pas le bon diplôme, la garde-robe adéquate ou le look d'une secrétaire de Dallas ou Dynasty. Sauf dans le socio-cu', car là, il est bien vu de traîner dans des draperies désassorties, ternes et sales (même quand elles sont propres), avec des cothurnes médiévales et des cheveux en crête d'Iroquois rouges ou rose fluo.
En un mot comme en cent, il voit les choses positivement, alors que je les voyais (je crois) au travers d'un prisme socio-politique (heu, haineux, je veux bien le reconnaître), inhérent à ma personnalité. Et peut-être à mon caractère plutôt rebelle, voire ombrageux. Bien que cette haine n'existait pas au départ, elle s'est constituée petit à petit, au fil des expériences malheureuses.
Donc, lui n'a pas cette vision-là des choses, et je pense, pour l'avoir bien observé et écouté, que même s'il est confronté à l'arbitraire, il est capable de s'en sortir plus qu'élégamment...
Dallas
Couverture du 33 tours de Pink Floyd, "Animals" (1978).