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28 février 2010

A Berkendael...

Berkendael, c'était au bout des lignes de tram 18 ou 92, enfin, au bout...

C'était au carrefour de l'avenue Brugmann et de l'avenue Molière.

Berkendael, c'était le bâtiment Art nouveau de l'ancienne ambassade d'Irak.
A Berkendael, je portais souvent une jupe prune, un chemisier satiné dans les tons violets/parme/rose (c'était la mode...) et un gilet sans manches violet du NewD.
En rentrant de Berkendael, je passais par une parfumerie ou un Di, et je m'achetais du fard à paupières et du vernis à ongles...
A 10 heures, j'allais parfois prendre deux espressos serrés à la cafet d'en face, car je dormais debout.

On le sait, je n'ai jamais aimé me lever tôt...

A Berkendael, pendant mon cours de littérature (honte sur moi...) - pendant un cours sur "Phèdre" que je connaissais par coeur, (et qui était l'oeuvre de Racine que je préférais), derrière mon sac, je lisais toute la saga de Jalna et des Whiteoak, de Mazo de la Roche. Le prof ne l'a jamais vu (ou n'a jamais rien dit...)

A Berkendael, déjà gourmande, à 10 heures, j'allais me chercher un pistolet aux crevettes et à la sauce cocktail.

A Berkendael, en première année, en réaction à ce que j'avais vécu si gravement à l'université, en romane, je passais par ma phase snobinette et futile. Je pensais fringues, maquillage, coiffure, vacances au club Med, petits amis (surtout quand il n'y en avait pas...), sorties en boîte, Radio-Cité et pâtisseries de Wittamer...

Mais à Berkendael, pour la première fois de ma vie, je ne faisais plus de résumé (juste rétablir la table des matières), et j'étudiais par coeur mes interros et mes examens, en plus de bosser d'arrache-pied. Lorsque le prof de psycho posait 15 questions à l'examen, oral en nous baladant dans tout le cours, j'aurais pu dire exactement à quel endroit du cahier se trouvait la réponse à la question posée. Il n'empêche que je n'ai pas pu répondre à 1/10ème d'une de ses questions... Mais j'ai tout de même eu 80%.

A Berkendael, je faisais mes dissertations et mes préparations de leçons, le week-end, à mon bureau, en écoutant Radio-Cité, avec mes cahiers et mes livres par terre, à mes pieds (je ne lisais pas que Mazo de la Roche... Mais aussi "Le racisme" de Poliakov, "Esquisse d'une histoire de l'idée de nature" de Robert Lenoble, "Feux" de Marguerite Yourcenar, -par goût personnel-, "Olivia" par Olivia, (que j'allais apprendre à mieux connaître sous son vrai nom de Dorothy Bussy), et, je le reconnais, "Lao Tseu" - dans la collection des maîtres spirituels (qui fut un véritable pensum... Mais, dans ce livre, j'aimais beaucoup la reproduction d'une peinture chinoise, un petit philosophe chinois qui survole des paysages de là-bas).

Et puis, au terme de toute cette période un peu vaine, après m'être liée d'amitié avec le poète L.D., je me suis retrouvée un jour, puis l'autre, en ville, en train de discuter poésie, histoire et littérature avec lui, de me promener avec lui, de visiter une galerie de peinture, d'entrer chez un bouquiniste, d'acheter "La chanson d'Eve" de Charles Van Lerberghe, puis de manger un spaghetti jambon/fromage dans la galerie Agora... Et j'ai délibérément (et sans le dire) loupé mon cours de morale.  Et quand, des années plus tard,  alors que la maladie le guettait déjà, il m'a envoyé son dernier livre de poésie, au titre tellement bouleversant, "Au seuil de l'exil", il me l'a ainsi dédicacé: "à Marie-Françoise, touchée elle aussi par l'aile de la poésie, et qui me rappellera toujours le temps heureux de Berkendael..."

Enfin, j'ai terminé mes études en réalisant un mémoire sur "L'univers comique dans le Capitaine Fracasse, de Théophile Gautier".

Tout cela ne m'a pas empêchée de réussir mon année haut la main et de recevoir mon diplôme le 25 juin 1981.

Je n'ai jamais été aussi heureuse que ces deux années scolaires-là.

Tout a concouru à en faire quasiment les deux plus belles années de ma vie...

mf79bis

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Commentaires
P
@ Eh non, Walrus, peut-être parce que je n'y suis pas seule (je montre rarement une autre personne que moi, en général, les personnes n'aiment pas ça, mais bon, comme mon blog est 'privé' - mais largement ouvert !!!) et pourtant, j'aime cette photo, car c'était vraiment un moment de grâce - j'étais, avec toute ma famille, à un mariage, dont j'ai gardé un bon souvenir, où je ne me suis pas ennuyée, un mariage plaisant, et où j'ai beaucoup dansé (avec le plus beau jeune homme de l'assemblée... Mais hein, de lui, je n'ai pas connu grand-chose, je sais dire qu'il était beau, mais à part ça, intelligent ou bête, gentil ou pas, je n'en sais rien !) <br /> <br /> Donc, j'étais vraiment bien sur cette photo... Bien dans ma tête aussi et heureuse o:)))
W
Oh ! Une photo que tu ne nous avais jamais montrée...
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