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9 janvier 2009

1983. La rencontre

Le 7 décembre 1983, le lendemain de la St Nicolas, fête des étudiants de l'académie des Beaux-Arts, il y avait une réunion des professeurs chez le directeur. Les anciens et les nouveaux. Les profs de cours artistiques (dessin, couleur, volume...) et les jeunes profs de cours généraux dont je faisais partie, en tant que prof de français, histoire et morale.

Je suis arrivée assez tôt et comme d'habitude, j'attendais dans le cloître. L'académie a été édifiée sur les lieux d'un ancien couvent dont il reste un magnifique cloître (pavage noir et blanc, voûtes en briques, hautes fenêtres ouvrant sur un petit jardin) et murs blancs qui servent aux expos. D'autres profs attendaient, comme "Marie" qui est devenue une de mes amies.

Un autre est passé - le prof de religion catholique, un Indien.

Et le surveillant-secrétaire de l'ancienne section "fusain" (où l'on faisait du fusain, du dessin et de la peinture pendant six ans) qui devenait une section dite de qualification. Cette section de qualification devait permettre aux élèves, au bout de x années, de rejoindre l'enseignement universitaire - ce que ne permettait pas l'ancienne  section fusain. Assez joyeusement, il m'a invitée à le suivre dans le grand atelier en attendant l'heure de la réunion, c'était là que les profs attendaient...

Je l'ai suivi et l'on m'a représenté le prof de religion indien, le prof de religion protestante (un pasteur d'origine austro-hongroise), et un prof de dessin habillé comme un prêtre, qui mangeait d'un air affamé. Et peut-être quelques autres... Tout ce que je sais c'est que j'ai pris le prof de dessin affamé pour un ecclésiastique et que j'ai mélangé tout le monde !

Plus tard, j'allais rencontrer le rabbin aussi, mais il se mêlait peu au corps professoral.

J'étais assez affolée devant tout ce monde, sans doute y avait-il du café, et petit à petit, j'ai trouvé ces gens et ce lieu très séduisants. L'odeur, l'odeur des ateliers de dessin et de peinture ! Les chevalets, les plâtres, je ne peux pas expliquer ça. L'impression d'être dans un lieu interdit et délicieux ensemble... Il y avait d'ailleurs un autre prof de dessin (couleur et volume), titulaire de ma classe, qui m'a montré les oeuvres de nos élèves communs. Nous admirions beaucoup les travaux d'une élève turque, desquels irradiait une profonde lumière orientale. C'était une de mes meilleures élèves - pour les autres, passons, même si c'était des personnalités !

Stefan, le pasteur, m'a remis une brochure sur l'académie en me montrant un dessin de "notre artiste" me dit-il. Notre artiste, oui, mais, lequel ? Il me montre E.M. en me disant - c'est pas beau ce qu'il fait ? Oui, c'était beau, c'était même très beau. Je suis restée saisie, je n'avais jamais vu quelqu'un dessiner comme ça, avec une telle sûreté de trait, ça, ça c'était de l'art, ça, c'était un dessin digne de se trouver dans la collection d'un musée...

***

Je ne me souviens plus spécialement de la réunion si ce n'est que -d'après mes collègues - le directeur était passablement troublé par l'arrivée en masse de plusieurs jeunes femmes - évidemment, nous étions plusieurs jeunes diplômées, avec deux ou trois ans d'expérience. A part les deux ou trois professeurs d'histoire de l'art, plus anciennes. Son trouble s'est manifesté quand il a grimpé sur un appui de fenêtre et essayé en vain d'ouvrir une fenêtre récalcitrante (haute de plusieurs mètres, il faut le dire, tout cela remontant au XIXème...)

Par la suite, j'ai souvent rencontré mon collègue le mercredi matin. Je savais désormais qu'il n'était pas prof de religion. Il arrivait dans son manteau bleu avec son petit bonnet bleu - c'était aussi le seul artiste de ma connaissance qui n'était pas barbu.  Mais ça, à l'époque, je m'en fichais, cette réflexion, je n'allais me la faire que plus tard (et elle m'allait être fatale). On se parlait, il me conseillait - par rapport aux élèves, aux petites choses pratiques (à l'époque, on ne photocopiait pas les cours, il fallait passer par la stencileuse, et le préposé à la stencileuse prononçait toujours "colladtjchon" pour colladion). E.M. m'encourageait, bref, j'avais vraiment eu envie de larguer cet emploi, quand j'avais commencé, le 20 novembre, et là, petit à petit, je me suis accrochée...

P.S. Ne pas oublier de parler de Dimitri. Modèle & danseur dans la troupe des Chadanes, ex danseur de Béjart.

Signé: Albertine.

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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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