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26 décembre 2012

Le gâteau rouge...

Dans la nuit de la pleine lune, son épaule s'est brisée.

Elle a tendu son bras nu, à l'horizontale, et l'air était glacé. Le membre gelé l'a réveillée. Elle rêvait. Et dans le rêve, elle a raccroché le volcan. En éruption. Les cratères ont beau paraître éteints, sous les masses terrestres, six ans, vingt ans, des siècles après, il y a toujours le feu.

C'est une boule de lave en fusion qui la dévore. A nouveau. Sous un reste de terres nécrosées, une houle de passion. De colère. De désir. De peur. De culpabilité. De folie. Mélangés. L'homme est pourtant âgé. Et insignifiant. Et la femme était blonde. Et bonne.

Et elle, elle portait son enfant. C'est lui qui l'a retenue. Qui l'a maintenue en vie.

Peut-être. Ou peut-être pas.

Car cet homme, qui, dans le rêve, regarde, et plonge ses mains dans la terre, cet homme porte en lui toute l'impuissance humaine, Et puis, unique, il incarne sa folie à elle.

Colère. Désir, boulimie. Honte et tumeur. Rouvertes au scalpel. Mêlés.

Rouge. Comme est rouge, le sucre qui la submergeait. Comme rouge, était la peinture délaissée sur le chevalet. Il faut peindre le cacao, la terre de Sienne brûlée. Et ce meurtre-là sera rouge. Comme le gâteau, sur la toile. Et brune sera la croûte, et humide, le lin. Et gâché, le sel. Et vertigineuse, et saoûlante, l'essence de térébinthe.

Mais si douce à la peau sera l'huile. Malgré le ventre, encore en flammes.

C'est pour cela qu'elle pressera des tubes, et que le carmin s'en exhalera. Son épaule hurlera. Tout se disloquera. Au bout du voyage, elle aura peint. Comme on crie. En se revivant. Comme un périple au bout de la folie ? Comment savoir ? Elle ne le sait pas. Il ne le saura jamais non plus. D'ailleurs, il ne comprendrait pas.

Comment un gâteau rouge, s'épanouit, désormais, comme une flaque sur la toile...

***

En illustration: Josef Albers, Homage to the square guarded, 1952

(c) cliché WikiPaintings.

homage-to-the-square-guarded-1952

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Commentaires
P
oui, maintenant je comprends mieux ce que tu voulais m'expliquer. Et c'est bien de pouvoir mettre sur toile ton ressenti en faisant glisser le pinceau et les doigts dans la peinture, dans l'huile et le térébenthine. Je ne peux dire qu'une chose, essaye de faire passer ton bouillonnement intérieur dans la peinture abstraite.<br /> <br /> Et moi aussi j'ai apprécié la balade, elle nous a fait du bien.
B
excellente idée, ce gâteau rouge ;-)<br /> <br /> et excellent texte, pas besoin de sous-titres pour comprendre (d'ailleurs j'y ai reconnu des choses lol)
A
Je me réjouis beaucoup que tu aies passé une bonne journée et que tu aies exécuté ton projet inspiré par les carrés rouges. Patience pour le séchage.<br /> <br /> Pour B*** c'est sûr qu'il tient à toi et sait parfois te le montrer avec de charmantes attentions. Mais tu connais aussi le revers de la médaille. Alors surtout garde ton projet de te trouver un endroit calme où tu puisses te retirer dans la sérénité et le respect de tes besoins!
Q
Anémone ! Bonjour... Eh bien, tu as tout compris !!! J'ai peint, aujourd'hui, (à l'huile, quel prodige! Mais quelle horreur !!!) Et j'ai eu une balade en bon prime avec la Rose, à Gaillemarde, et un thé ! Et ça faisait des jours que je pensais aux carrés rouges de Josef Albers (ben oui, et pas qu'à cause du carré blanc sur fond blanc de Malevitch!) Et puis, ce tableau, maintenant, il doit sécher 15 jours avant que je puisse continuer... Je vais vers de l'abstrait - encore figuratif, mais vers de l'abstrait quand même ... <br /> <br /> <br /> <br /> Et B*** a encadré un de mes dessins... L'a mis au mur... Une amaryllis que j'avais reçue l'an dernier, comme quoi, je ne sais pas ... ... ...
A
Peindre pour transcender la douleur, pour donner exutoire au désir, à la colère. Retrouver le goût du sucre mêlé à celui du sang qui vient des blessures. Tes mots sont forts quand ils prennent le relais de la peinture. Tout comme elle, ils prennent le mal entre les dents et l'exorcisent. <br /> <br /> J'espère que ce gâteau issu d'émotions violentes tel un rejet de lave, a pu transmuter l'impuissance et la rage, et apaiser le volcan.<br /> <br /> Je t'embrasse Pivoine.
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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