Le voeu de Gisela
J'avais écrit ce texte pour une consigne de site d'écriture... Mais il suscite peu de réactions. C'est un peu décevant. Alors, je le retire et le mets plutôt dans mon blog. Peut-être est-ce moi qui suis fatiguée en ce moment (l'hiver est trop long), bien que parfois, je me demande pourquoi j'écris encore sur la Toile... Enfin, ce n'est pas nouveau comme questionnement! Du temps de Pivoine Blanche, c'était une vraie torture. Un jour, j'ai décidé d'être plus indifférente et du coup, j'ai créé un blog privé... Sans doute vaut-il mieux peu de lecture mais de qualité...
C'est un texte sur la fondation de l'Abbaye de la Cambre, à Bruxelles.
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"J’ai planté un arbre au milieu d’un désert de pierres.
Mais non, c’est une image. Au contraire. Je me suis rendue, au bout d’une longue promenade, en un lieu béni de Dieu. L’air odorant et vif, les nuages courant rapidement dans le ciel d’un bleu presque indigo et la douceur du temps m’ont poussée, une fois de plus, à cette promenade matinale.
En remontant le cours du Maelbeek, aux eaux si pures qu’on en tire une bière mousseuse presque transparente; en contournant les étangs et leurs habitations, chaumines et auberges qui jouxtent la route; en se rapprochant de la source, on atteint vite un joli sous-bois humide. Le sol est jonché de plumes d’oiseaux, ce qui a donné au ruisseau son doux nom de « Pennebeek ». Mon ruisseau de plumes. Je me suis agenouillée, au milieu des feuilles mortes de l’automne dernier, fines gaufrettes craquantes, dans la tiédeur de ce matin d’avril, et j’ai contemplé la nature.
Les aulnes blancs, les bouleaux argentés, les saules pleureurs, les buissons d’aubépine et le sorbier mettent un peu de leur dentelle claire dans le paysage. Certes, en hiver, il fera venteux ici, mais en été, il y fera frais. Et nous ne manquerons pas de bois. Autour de moi, il y a abondance de pousses de jonquilles, qui céderont la place au muguet de mai et à la somptuosité violente des iris de juin. J’y vois déjà la floraison des simples dont je ferai un jour un jardin médicinal. J’y sèmerai la sauge, remède universel, de l’achillée millefeuille, de l’armoise et du lys. De la verveine, de la guimauve officinale, pour soigner les maux de dents, et l’angélique des marais, qui protège de la peste. Sans oublier des jonchées de violettes.
Je sais aussi les pierres éparses, dans toute la région, je sais les tailleurs de pierre, les maçons, toujours en chemin, les charpentiers, les menuisiers et les sculpteurs de métaux. Je sais désormais qu’à Villers-la-Ville, au Monastère, on m’aidera à réaliser mon vœu le plus cher, celui de fonder mon oratoire… Le Père Abbé me l’a promis. Peut-être que mon oratoire, dessiné par un Frère aux mains de bâtisseur, deviendra-t-il une église digne de ce nom, dont la voûte rappellera le toit des bois et de la forêt toute proche. Je l’appellerai "La Chambre de Notre-Dame"
Et il y aura enfin, adossée au paysage, une petite maison pratique, à la charpente fleurant bon le bois frais, au toit de chaume ensoleillé, pour accueillir les sœurs qui voudront bien s’associer à mon œuvre.
Et tous ceux qui, un jour, viendront frapper à l’huis de notre monastère."
"Mon" vieux village d'Ixelles...