Il y a souvent d'excellentes consignes d'écriture. C'est un des trois sites d'écriture en ligne que je fréquente assidûment, avec les Défis du samedi et le forum de Kaléidoplumes. La semaine dernière, il fallait écrire une "recette", de cuisine, de bonheur, d'écriture, de vie, que sais-je? J'avais des idées, mais pas vraiment le temps d'écrire quelque chose de "senti".
Cette semaine, cela m'a plu tout de suite et tout de suite, j'ai su ce que je voulais écrire. Aussitôt dit, aussitôt fait, vers 11 heures, hier soir, je m'y collais et à 1 heure du mat, à peu près, c'était parti.
On proposait d'écrire un "plagiat" d'un auteur qu'on aime - sans dévoiler de qui il s'agissait...
Voilà ce que j'ai écrit :
"Mr O’Feilgen plaisait, séduisait son monde, en quelque lieu qu’il se rendît.
Un nom à consonance irlandaise, une belle allure de sportsman, un sourire perpétuel illuminant sa belle figure rousse aux yeux pétillants, une amabilité universelle et sincère, lui assuraient grâces, intérêt et succès. Ses deux sœurs, Miss O’Feilgen, l’aînée et Miss Carol, la cadette, bien que dotées d’une joliesse piquante et d’une élégance irréprochable, mais trop conscientes de leur haute condition, recueillaient des hommages polis, tout en suscitant un minimum d’amitié.
Mais, en ce soir de printemps, celui qui fascina la foule des danseurs réunis pour le bal d’ouverture de la « Saison », à Breenwich, était sans conteste l’ami de Jon O’Feilgen, Mr Stanville. Avant que quiconque ait seulement pu l’apercevoir, il s’était vu précéder d’une rumeur favorable, sans cesse grandissante, relative à son statut de chef d’industrie, au luxe de son hôtel de maître londonien, et à la munificence de ses propriétés de campagne. Il plut à la compagnie masculine, car l’austérité et le sérieux de son allure et de sa tenue ne semblaient devoir porter ombrage à personne, et les douairières comme les femmes mariées – sans parler des jeunes filles, étaient prêtes à renier l’enthousiasme qu’avait suscité Mr O’Feilgen à son apparition dans la salle des fêtes, pour encenser cet héritier d’une fortune dont on ne pouvait encore mesurer l’ampleur.
Cependant, au fur et à mesure que la soirée s’avançait – et l’on dansait de bon cœur – la fixité de son attitude, toute de réserve et de mutisme, son air lointain, vaguement ennuyé, sa raideur, tout cela déçut la compagnie présente – et principalement bien sûr, les jeunes filles toujours en quête de danseurs. Vers la fin de la soirée, pour tout l’or du monde, on n’aurait pu consentir à lui reconnaître un charme quelconque en regard de son ami, ce « bon » Mr O’Feilgen.
C’est ainsi qu’il rebuta une des plus jolies danseuses de l’assemblée, (déjà pourvue d’une sœur aînée, à la grâce encore plus éclatante, et d’une sœur cadette, épouvantablement évaporée). Miss Lilian de Sourzy devait être âgée d’environ dix-huit à vingt ans, était assez simplement mise, et, lorsqu’il avait croisé le regard brun, mutin et pétillant de la jeune fille, il l’avait vue rapidement lui dérober son regard. Ostensiblement, alors que la danse qui débutait aurait dû les rapprocher, il s’éloigna, en assurant à son ami que décidément, il ne goûtait que médiocrement la corvée de faire danser de la graine de vieille fille… Venue vraiment d’on ne sait où. Ce faisant, il ne pouvait imaginer qu’il avait froissé la fierté de Miss Lilian, aiguisé l’alacrité et l’ironie naturelle de son caractère et son désir de le provoquer en retour, d’en faire une cible de choix – dès qu’elle en aurait l’occasion.
Et par là de le faire souffrir plus qu’il ne pouvait le concevoir, et d’une manière qu’il ne pouvait à ce moment-là même imaginer … "
Alors, voyez-vous de quel auteur - grand auteur - il s'agit ???