Titanic

Je n'ai plus d'eau chaude à ma baignoire. Je n'ai plus qu'un filet d'eau, il faut dire...

Soit l'arrivée d'eau est encrassée, encalcairée, soit la robinetterie, soit la vanne est fichue...

Je dois prendre des mesures et chercher sur internet une vanne, une robinetterie, mais je ne sais pas ce que ça coûte...

De toute façon, je n'ai personne pour faire le remplacement, ce n'est pas un amant virtuel qui va faire l'affaire.

Mes poubelles s'entassent sur la terrasse - depuis qu'il y a des inspecteurs de la voirie, je panique. Dois-je mettre au plastique les petits bidons 20cl de crème fraîche vides préalablement vaissellés ou oserais-je les mettre dans la poubelle? Au risque qu'un inspecteur de la voirie plonge dans la litière sale des chats et retrouve des traces de mon identité dans la poubelle (quand je déchire des étiquettes et des enveloppes) ?

Je suis fatiguée. Fatiguée de vivre. Fatiguée de réfléchir... D'être noyée de publicités, de rester ici, alors qu'il neige dehors, 24h/24, en attendant peut-être une visite, mais en n'ouvrant pas quand deux types bizarres sonnent deux fois à ma porte. (Personne n'ouvre d'ailleurs... Ca me rappelle la rue de P*** ça, l'immeuble était cambriolé au minimum 3 x / an... On se demandait toujours ce qu'on allait trouver en arrivant).

Evidemment, je devrais me laver les cheveux à l'eau tiède, mais depuis deux jours, j'ai mal à la tête dès que je me penche en avant. L'ordi, la télé, ça ne m'arrange pas.

Peut-être que si je dors un bon coup, vais-je me réveiller le lendemain, en ayant tout oublié, le fait que mon fils unique grandit loin de moi depuis dix ans, même si je suis heureuse qu'il conquiert vaillamment son autonomie (ça lui servira peut-être plus tard...) - le fait qu'après la mort de ma mère (sans que ça ait forcément un rapport), j'ai dû repenser complètement ma vie, et repartir à zéro... Alors qu'elle avait déjà été pas mal bouleversée, cette vie, en novembre 1999. Peut-être que je vais oublier avoir perdu, en 2004, un boulot que j'essayais de sauver - sans y arriver - et que j'ai perdu dans des conditions difficiles, avec quelque chose d'une machine qui broie, inéluctablement, impitoyablement, définitivement...

Pourquoi me suis-je lancée dans cet emploi, en mars 1997, alors qu'avant ça, je faisais un boulot que j'adorais, et que je faisais bien... Mais malheureusement, il n'y avait pas de stabilité d'emploi, c'était du travail occasionnel. J'ai vécu des choses épouvantables, en 97, en 98, en 99, puis en 2002 - mais là, comme j'étais malade, j'ai dû partir en congé de maladie, pour plusieurs mois... Puis j'ai repris un mi-temps médical, parce qu'il faut travailler (ah! ah! ah!) pour contribuer à la guérison... Sauf que dès que j'ai repris le temps plein, j'ai été licenciée... A deux ou trois mois près... Licenciée alors que je vivais seule, que j'étais encore dans les 5 années post-cancer et que j'avais un fils aux études. Qui avait décroché scolairement -

Mais qui s'est raccroché, Dieu merci !

Peut-être que je vais oublier d'avoir eu la tête complètement à l'ouest et de m'être lancée dans des aventures invraisemblables, à haut risque, - est-ce possible ?

Pourtant, je ne peux pas nier non plus tout ce qui a été bien... Le fait de m'être battue - telle la petite chèvre de Monsieur Seguin - dans toutes les circonstances... Alors que souvent, j'ai été bien près de tout abandonner (et j'ai encore parfois envie de tout abandonner !)  Le fait d'apprendre la peinture (mais j'ai presque abandonné... Parce qu'il faut se battre, à l'académie, pour sauvegarder sa place et son matériel, et que je suis fatiguée de me battre pour tout...)

Et puis il fait froid, je suis forcée d'augmenter le chauffage, sinon je gèle... Ca va me coûter encore plus cher dans un an, alors que je n'arrive déjà plus à payer ma facture de chauffage de 2009 - sans parler des charges communes qui ne sont pas encore arrivées, je m'attends au pire.

Plaie d'argent n'est pas mortelle et j'ai un toit sur ma tête, pas comme de plus malchanceux, même si le béton s'effrite et si les canalisations coulent... Le bruit des marteaux-piqueurs qui se mettent en route le matin, le midi et le soir à 18h30 est devenu un accompagnement sonore plus rythmant que l'intégrale des Beatles...

PS. Et quand je lis des blogues d'intellos, je me trouve encore plus lamentable...

Une cervelle de pois chiche... Mais j'aime bien mon pois chiche. Il est farineux à souhait. Pas une place pour une petite pensée... Rien... Je suis un vide abyssal dans un pois chiche farineux...

Comments

[pierreline]

le coup du pois-chiche fatineux qui te sert de cerveau? J'y crois pas. Et puis le pois-chiche, j'adore ça!
Et franchement, t'as un sacré joli coup de plume, il me semble, de ce que j'ai lu au défi du samedi et ici...

[Pivoine]

Charlotte, j'ai écrit un texte lundi, cet article mardi et puis plus rien... La neige m'a complètement assommée + un mal de tête quasi permanent...

[Pivoine]

lol, feuilly, je ne te visais pas naturellement, mais ton blogue est tout de même littéraire (avec mon sujet préféré: des articles sur la langue...)

[Pivoine]

Je suis au moins déjà de retour et capable de vous faire une réponse sensée (enfin, sensée!!!) - Merci pour vos paroles de soutien... Des fois, il faut vraiment patienter et attendre la fin de ce mois de février qui me rappelle deux hivers qui furent particulièrement rudes: 1979 et 1985... Il y en a eu d'autres, bien sûr, mais ces deux-là, je ne suis pas près de les oublier...

[Pivoine]

Ram, lol, franchement, en réalité, je pinaille car en bas de l'immeuble, nous avons les containers ad-hoc, seulement, d'avoir vu les inspecteurs des poubelles à la télé m'a laissé un stress...

En fait, les canettes bouteilles en plastique, emballades uht dans les sacs bleus,
le verre dans les bulles à verre,
le papier dans les sacs jaunes
le reste advienne que pourra...

Et vivement le printemps mais c'est pas encore pour demain !