Compartiment tueurs...
Voici un texte écrit pour Kaléidoplumes... (Cliquer pour le lien vers la consigne d'écriture). Il s'agissait d'écrire sur une musique de ERA. J'ai écrit le texte, mais ici, j'ai envie de l'illustrer avec un autre morceau de musique (U2 - Brian Ono et Luciano Pavarotti chantent 'Miss Sarajevo') - Peut-être parce que c'est l'image qui a dominé. Bien sûr, il y a surtout le métro bruxellois... (Le boa constructor!) Dans un 'flash' de la mémoire, j'ai eu aussi un bref souvenir d'un film d'Ingmar Bergman - "L'oeuf du serpent" (vu à la soirée d'ouverture du Festival de Bruxelles de 1979), film dans lequel il avait reconstitué une rue du Berlin de l'Entre-Deux-Guerres - (avec son tramway).
Les villes sont indicibles
les trains jettent leurs traînées luisantes à pleine boucherie de rails
la nuit borgne enserre le dépôt de toutes parts
en Allemagne le tramway écrasé
Berlin et l'apocalypse
La bombe a explosé
Sarajevo ne m'oublie pas
c'est
aussi le métro trois jours par semaine avec le marché les bouquets de
fleurs et des filets de fruits c'est la langueur brune ou noire c'est
le fantasme de l'un l'empiètement de l'autre la promiscuité des corps
le déni du tchador l'espoir de s'évader les bras enserrés les poignets
pliés le message de secours que l'on reçoit la volonté de rêver à perte
de voyage l'isochromie de métal et le velours du trait que l'on dérobe
à l'assassin le corps jeté sur la voie l'électrocution du troisième rail
Nous sommes seuls dans le premier métro
Nos corps secoués par un relent de chimie spasmodique
Tous poignards plantés dans nos côtés
et
puis simplement le tramway le transport la sueur image et mort vie et
violence amour et rédemption vision de cauchemar éternité du pardon je
porte ma besace d'illusions en bandoulière
Il manquait juste les
voix les odeurs et le toucher du soleil pour compter les heures
d'abandon qui se presseraient familières au large des voitures
Ce soir, avec le dernier métro, voilà la littérature qui se met en rang."
photo You Tube (shargareppa)