Aux plaisirs de la table et de la chair
"Depuis huit jours j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid (...)"
Arthur Rimbaud.
C'est tout en haut d'un pays gris par-delà des portées de montagnes et des saveurs résineuses
Il y a la procession des rires et des appels joyeux crissant dans la neige d'encre
et le bitume de janvier
Il y a des chevelures en liberté le tulle des colombines le parfum des épices
la vapeur et la glace le cuir verni des ballerines
Il y a la ramure bleu noir sur fonds de vallons violets
argent blanc des pies endormies et des hiboux marris
Il y a la rue les pavés la nuit de ce Brabant d'hiver le train dans la vallée
le lac gelé et les cygnes absents de son tain
Il y a les cabarets enfumés le vin qui s'entrechoque la bière mousseuse
la servante coquine et les tartines de viande
Il y a la chair généreuse qui se taille un tranchoir luisant de beurre
avant que de se fondre dans le moelleux la laine
Et dans l'absinthe de l'étreinte...
Pour Kaléidoplumes