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5 novembre 2009

1957. Mon baptême...

Je ne sais pas où j'ai pu planquer mon certificat de baptême - une feuille cartonnée, de format A4, imprimée par la paroisse de Notre-Dame de la Cambre dont nous dépendions, rue Van Eyck. Depuis que j'habite ici, je passe mon temps à ranger des papiers pour ne pas les perdre, et j'oublie directement où je les ai rangés...

Donc, pour le moment, la date de ce baptême m'échappe. En tout cas, ma mère n'y assistait pas. Peut-être faut-il y voir la survivance d'un rite ancien (mais peut-être me trompé-je), qui fait que plus tôt avait lieu le baptême, moins l'accouchée avait la force physique de se lever pour aller à la cérémonie. D'où cette autre cérémonie, (qu'on pratiquait notamment en Provence), les "relevailles" qui célébraient le moment où la jeune maman retournait à l'église. 

Depuis la mort de ma mère, j'ai glané pas mal de renseignements sur ma toute petite vie. J'osais peu lui en demander tant je redoutais, inconsciemment de lui poser certaines questions. Et si je les posais à mon père, il me répondait - naturellement - "demande à ta mère". Avec ça, on va loin!

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La communiante de 1935 - dessin au pastel - 2009.

Donc, d'après lui, ce baptême a donné lieu à discussion, parce que mes parents, d'abord, n'aimaient pas le clergé de la Cambre. Pourquoi? Mystère! Ma mère était catholique pratiquante, bien qu'anti-cléricale, ce qui peut paraître paradoxal. Mon père, lui, était religieusement "indifférent", sauf qu'il avait accepté de vivre "comme si", et que nous soyons éduqués dans la religion catholique. Et quand il décidait de faire quelque chose, il le faisait consciencieusement, dans les règles, avec méticulosité - en vrai comptable qu'il est... Non par-devant une entreprise quelconque, mais par-devant l'Eternel!

Donc, ni l'un ni l'autre n'aimaient le clergé de la Cambre - mais ils aimaient la Cambre et qui n'aurait aimé cette église médiévale, dotée d'un cloître qui m'a toujours fait rêver, au milieu d'un splendide parc à la française, où j'allais beaucoup me promener et jouer.

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Abbaye de la Cambre, église et jardin (c) mightymightymatze

Toujours d'après mon père, le clergé - justement - trouvait à redire au choix des parrain et marraine, ma tante (du côté maternel) ne s'étant jamais cachée qu'elle était athée et anti-cléricale. Il est assez curieux de constater que ce schisme s'est étendu sur plusieurs générations: du côté maternel, mon grand-père était un catholique pratiquant convaincu (il fréquentait => "Les grandes conférences catholiques" de Bruxelles, à vérifier!) et c'est lui qui s'est chargé d'acquérir la robe de baptême de ses petits-enfants. Je ne sais pas si mes cousins ont été baptisés, mais mon frère et moi-même, et mon fils, l'avons portée. Après quoi, cette robe a disparu, j'ignore ce qu'elle est devenue...

Ma grand-mère maternelle était athée. Elle aimait entraîner ses filles manger des parfaits moka au salon de thé de "La maison du Peuple" (le bâtiment de Horta bien sûr! C'était avant la guerre!), après quoi elle recommandait à ses filles... "Ne le dites pas à votre père !

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Affiche de soutien pour la construction de la Maison du Peuple de Bruxelles.

Ma mère a donc toujours été croyante, mais disons qu'elle était vraiment très spéciale. Elle laissait toutes les "corvées" cléricales à mon père, était abonnée aux fous-rires "d'église" et fantasmait sur l'idée de puiser dans le panier de la quête plutôt que de déposer 5 francs dedans. Ses commentaires n'étaient pas toujours très "politiquement corrects". J'en reparlerai ultérieurement sans doute. Ma tante, qui, semble-t-il, s'était complu, enfant, dans certaines macérations, avait, elle, beaucoup plus sérieusement, largué l'eau du bain, le bébé et la baignoire, si pas la salle de bains en bon prime.

La deuxième raison pour laquelle le clergé de la Cambre a fait la fine bouche était le choix du parrain, c'est-à-dire, mon frère, qui avait six ans et demi et qui, d'après eux, était trop jeune.

Mais si on met le contexte religieux de côté (le seul ou à peu près, qui comptait pour ma mère, quoique, avec le choix de ma tante, ce n'était pas cet aspect-là qui avait dû primer), ma mère ne s'imaginait sûrement pas qu'ils avaient fait un choix encore plus judicieux qu'ils ne l'imaginaient. Je pense à ce qu'il y a de profondément commun entre nous, et qui s'épanouit aujourd'hui, à travers l'écriture, le dessin, la peinture et nos activités culturelles, alors que nos chemins ont longtemps ressemblé à des parallèles condamnées à ne jamais se rejoindre.

Mais celui qui, aujourd'hui, sait (même s'il ne se le formule pas) qu'ils ont fait un bon choix, -symboliquement parlant- c'est mon père.

***

Il ne reste pas grand-chose à dire de ce baptême, sauf qu'étaient présents, en plus de mon père, de mon frère et de ma tante, mes cousins (l'une qui vit en Sardaigne, et l'autre que je ne vois plus), et feu le monstre de mari de ma tante. Les paroles les plus inouïes que ma mère ait jamais prononcées devant moi, à ce sujet, étant que c'était un obsédé sexuel et que s'il avait été son mari à elle, elle l'aurait tué, en commençant par lui couper les mains. (Dixit).

Et qui brillait par son absence? Ma famille paternelle: ma tante (qui va mourir) n'était pas là. Ni son mari, qui était le plus brave plombier qu'on pût imaginer, ni mes cousines, ni mes grands-parents, -pas même mes grands-parents! Ni personne.  Je me rends compte que je devrais creuser cela dans une entrée spécifique.

C'est ainsi que j'ai commencé ma vie avec toute une partie de ma famille qui était morte, sur laquelle semblait planer un interdit de parole absolument affreux, et en  la quasi absence de l'autre partie, que l'on voyait rarement, pour je ne sais quelle raison... Mais j'ai bien peur que cette raison-là n'ait pas été jolie, jolie...

***

photos_septembre_2009_038_cadre

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Commentaires
L
Les relevailles, ma Mére a demandé au curé en 1950,il a haussé les épaules, c était avant la guerre mais plus maintenant a t il dit.<br /> Les rapports avec le clergé sont parfois ambigus .<br /> Bonne soirée Latil
L
Je l'aurais p'tpêt bien cette joliette robe de baptême? Quant à la tante, elle était carrément "bouffeur de curé" et aurait franchement coupé autre chose que les mains de son satyre. Elle lui aurait coupé les "joyeuses". Quant à La Cambre, les parents n'étaient allergique qu'au bedeau et pas au clergé. De toi à moi, ce bedeau était un "trou du c..." de première.<br /> Chez "Senteurs d'ailleurs" ma parfumerie fétiche, j'ai trouvé le parfum "Messe de minuit" de Etro, parfumeur italien qui me rappelle furieusement la vieille sacristie de La Cambre
W
J'avais un ami, athée convaincu, que cela n'empéchait pas d'assister à certaines de ces conférences...
F
Amusant que tu sois à la fois auteure du billet et commentatrice fidèle...
P
heu... Ce n'est pas facile, facile à écrire, comme article. Et encore, il me semble que j'aurais pu aller plus loin ! Ce "schisme" est tellement symbolique de mes futures doubles vies, dans un tas de domaines... Entre lesquelles je n'ai pas envie de faire de choix.
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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