Retour de week-end...
Quand je suis dans le train, je suis encore dans mon "week-end" (dans ma 1/2 vie à X***) J'étais bien assise, dans mon petit omnibus (on appelle ça un inter-régional maintenant!) avec le soleil donnant juste sur mon visage, j'avais chaud, et je tenais mes affaires près de moi. J'étais bien. Juste bien. J'essayais de ne pas me laisser aller à la mélancolie de l'au-revoir parce qu'il n'y a eu aucune, mais alors là, aucune raison d'être mélancolique après ces trois jours.
Même si j'éprouve des doutes par moments dans la relation que je vis (or je commence à bien m'installer dedans... Ce qui permet aux doutes de se lever au fur et à mesure, naturellement), en cherchant, en écoutant, en réfléchissant, en discutant, en essayant de verbaliser les choses + difficiles, j'essaie de comprendre. Et il y a une volonté de l'autre côté aussi.
Mais au-delà, ce qui compte aussi sans doute, c'est d'être "bien" ensemble. Juste bien.
Quand je suis dans le train, et que je ferme les yeux, des visions me passent par l'esprit. Je ne sais pas pourquoi je me voyais tout d'un coup marchant avenue Louise - comme il y a presque vingt-cinq ou trente ans, sur le côté qui va du Bois à la place Louise, exactement entre la chaussée de Vleurgat (et la pâtisserie Nihoul), la rue Gachard, et les rues suivantes dont j'ai oublié le nom (Dautzenberg?) - Il y avait l'hôtel de maître, le 268, où Odilon-Jean Périer a vécu après son mariage, il y avait une maison de couture, Valens, il y avait un coiffeur-parfumeur... L'hôtel Solvay, quelques flacons de parfum dans des vitrines de luxe, la rue vers le lycée, une promenade facile que j'aimais bien.
J'aimais bien, dans mon train, voyager par l'esprit du côté de ce passé-là.
Quand je suis dans le train et que je traverse la forêt de Soignes, là aussi, le passé se mélange au présent et à l'avenir.
Les voies (ou les abords) du futur R.E.R. sont en construction, la forêt, si maigrichonne et piteuse, a encore reculé, les fonds étaient humides, cet après-midi, car il a plu parfois sans interruption durant ces deux derniers jours. Je pensais que le temps passe si vite. Le bonheur est parfois si court, si fugace. Il est à la fois profond, éternel, comme s'il devait durer toujours et en même temps, les jours se succèdent aux jours, et parfois, un bonheur finit, il est derrière soi, et parfois aussi, un autre commence, se développe, vit sa vie. Je ne pensais pas ainsi jadis. Réfléchir sur l'éphémère (même s'il dure), c'est un signe de l'âge. Et comme j'ai encore un esprit jeune, en même temps, et 100 % d'espoir, cela se mélange avec le bonheur de vivre une expérience que je pensais - il n'y a pas même deux mois - ne plus jamais vivre...
Photo WIKIPEDIA, article "Forêt de Soignes".