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20 janvier 2013

A, comme architecture

Alors là, c'est simple.

J'ai trois styles architecturaux préférés.

Le roman. Pour sa sobriété. Et pour l'arc arrondi, qui le caractérise.

A première vue, je pense aux églises romanes... A une, surtout. La Basilique Saint-Remi, à Reims, teintée de gothique (la voûte, le choeur). Naturellement, à treize ans, quand mes parents ont commencé à nous faire visiter certaines régions de France, j'ai été séduite par les cathédrales gothiques. Paris, Rouen -surtout-, et bien d'autres. Par comparaison, la cathédrale de Vienne, visitée avec l'école, m'a paru horrible. Je peux dire, a contrario, que je n'aime pas du tout le baroque. Encore moins le rococo. Bien sûr, je n'avais qu'une perception limitée des cathédrales -puisque, au Moyen Age, elles étaient peintes -comme les temples grecs d'ailleurs. Mais j'aimais.

Mais l'impression ressentie à Saint-Rémi, lors d'une de nos visites, est restée profondément imprimée en moi. Peut-être parce qu'un organiste répétait les morceaux d'un concert ou d'un office. Impression de glisser, dans ce sombre, comment pourrait-on qualifier cela? Etre à cet âge de la vie, aussi, où l'on apprend à se taire, à regarder, à aimer. J'avais déjà ressenti cette impression le soir, à Bohan-sur-Semois, dans les Ardennes, quand il y avait encore du tabac mis à sécher dans les hangars. Et quand, assise au bord du chemin, je regardais la silhouette tragique des hangars se découper sur le ciel bleu foncé.

Ce sont des moments parfaits. Tout simplement parfaits... Des instants de contemplation pure. Dont j'ai fait profiter la Rose, beaucoup plus tard, parce qu'elle voulait voir Reims, et que j'en ai profité pour lui montrer Laon, la porte des Chenizelles, la cathédrale et son vitrail des Arts libéraux, le Chemin des Dames -l'abbaye de Vauclair, dans la forêt de Vauclair, ce qui me fait toujours penser à Valclair...- et même le Familistère de Guise, à Guise. Le célèbre familistère de Godin, dont il y a un "avatar" bruxellois, au Quai des Usines.

En somme, un voyage dédié à l'architecture...

saintremireims

cliché Le Routard.com (c)

***

Et puis, il y a l'architecture néo-classique.

Alors, le néo-classique à Bruxelles, c'est, bien sûr, la place Royale... La place des Martyrs... Martyre, hélas, puisque reine du façadisme. La place du Nouveau Marché aux Grains. La rue Royale. Dénaturée, hélas. Les façades en pierre de taille ne sont plus néo-classiques à proprement parler. Il faut l'enduit blanc des façades, et le nombre d'Or dans lequel s'inscrivent les fenêtres. (A moins que ce ne soit le nombre d'Or qui s'inscrit dans les fenêtres néoclassiques!) Et surtout, surtout, le Palais de Charles de Lorraine, les appartements, au premier étage, comme un minuscule Trianon, à Bruxelles et le règne du stuc. Dans la cage d'escalier et dans la chapelle protestante.

Alors, le pourquoi? Est-ce que j'ai vécu dans ce quartier parce que je l'aimais? Ou est-ce que je l'aimais parce que j'y vivais? Non. Je l'ai toujours aimé. J'aimais prendre le bus, et traverser la place des Palais, j'aimais me promener dans le Parc Royal. J'ai toujours aimé la place Royale. J'y ai même consacré un article, dans mon "Bruxelles, ville d'humanisme" - dont je ferais bien d'amener un exemplaire à Genval...

Mais il m'en reste tellement peu !

Lorraine-A(big)

Lorraine-D(big)

L'entrée des appartements, la cage d'escalier, et un des salons.

clichés (c) La Régie des Bâtiments.

Et puis, j'oublie ! Comment est-ce possible? Le château de Seneffe. Un bijou ! Où flotte d'ailleurs l'ombre de Jane Austen, ou plutôt, de son personnage fétiche, Miss Elisabeth Bennett.

Note, lien vers le site de La Régie des Bâtiments, à Bruxelles.

***

Et le troisième style que je préfère? C'est le modernisme !

C'est un peu une réaction, d'abord. Dans ma magnifique maison d'enfance, près de l'avenue Louise, à Bruxelles, j'avais peur. Il faisait sombre, les parquets craquaient. Les plafonds étaient hauts et il y avait des couches et des couches de papier peint déchiré, dans certaines pièces. Et par-dessus tout, j'avais la hantise du feu. Par la suite, la maison est devenue plus claire, je l'ai aimée, je n'ai plus eu peur de l'incendie, les fantômes ont reculé, chassés par les Beatles, les Pink Floyd et les années 70, et j'ai appris à aimer l'ancien. Même le très ancien! Mais du coup, dans mon enfance, le moderne me fascinait.

Pas l'Etrimo gigantesque, et surtout, de piètre qualité constructive, non, mais la clarté, l'espace (le plan libre, la façade libre, la fenêtre horizontale, etc.) et, surtout, je le pense, le luxe des salles de bains !

Et lorsque j'ai travaillé (comme secrétaire-esclave) chez un architecte, j'ai ENORMEMENT appris. Cela a coïncidé avec l'époque où je guidais des vieux trams dans Bruxelles. En parallèle, je me suis inscrite à l'ISURU (l'Institut supérieur d'urbanisme et de rénovation urbaine) où j'ai suivi (entre autres cours), le cours d'histoire de l'architecture et de l'urbanisme de M. Pierre Puttemans, architecte et urbanisme et féru de mordernisme. Essayiste, auteur, à ses heures, littéraire à fond (un goût que je partageais amplement, d'où mon bonheur de faire des comptes-rendus détaillés de nos conférences urbanistiques du mercredi soir...)  Et, pour la petite histoire, quand il me voyait, il m'appelait "Madame la Régente", parce qu'une de ses filles était également professeur -à l'Académie des Beaux-Arts, d'ailleurs. Comme quoi! On tourne en rond. Il était aussi l'époux de l'écrivain belge décédée, Jacqueline Harpman.

De là, Le Corbusier. Les C.I.A.M. les Congrès internationaux d'architecture moderne, La Charte d'Athènes, les bétons belges qui "tenaient" mieux que les bétons du Corbu, Charlotte Perriand, la cuisine Cubex et tous les arts décoratifs qui en découlent... On n'est plus très loin d'Etrimo, ceci dit pour faire plaisir à Walrus, mais on est à quelques coudées au-dessus... Tout de même!

Et De Stijl. Et le Bauhaus, et ce que je choisis toujours pour illustrer ce style, la synagogue de Plauen, Allemagne, 1930. La signature est de Fritz Landauer, architecte. Très proche du parti architectural des édifices qui portent la griffe "Bauhaus". Bâtiment exceptionnel, en soi, car les synagogues, du moins, celles construites au XIXème, étaient le plus souvent de style néo-byzantin, comme à Bruxelles, rue de la Régence.

Je n'arriverai jamais au bout de cette entreprise, quand je pense à l'article "judaïsme" par exemple...

Synagogue détruite, hélas, comme tant de ses pareilles, durant la Nuit de cristal.

plauen1

 source: photographe inconnu, lot de 4 photographies en vente sur internet.

"In the Weimar Republic, the Munich-born architect Fritz Landauer was a representative of the New Building (Neues Bauen) movement a and a well-known specialist in synagogue building. He designed the synagogues in Augsburg and Plauen. With its strikingly modern cube-like exterior the synagogue in Plauen (1928-30) was strongly influenced by the main Bauhaus building in Dessau. The synagogue in Plauen was completely destroyed during Kristallnacht in November of 1938.

Lit.: Sabine Klotz. Fritz Landauer: Leben und Werk eines jüdischen Architekten. Berlin 2001, illustrated."

Bon, je suppose que mes lecteurs comprendront le sens général de ce texte. Ce qui est intéressant, c'est que Fritz Landauer a également cosigné la conception de la synagogue d'Augsbourg, laquelle a été sauvée de l'incendie criminel in-extremis. Mais, d'après les images sur internet, elle est plus ancienne et n'a pas du tout le même style architectural.

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Commentaires
P
Le modernisme, évoque pour moi des souvenirs d'enfances, ayant eu des parents un peu modernes, J'ai bien connu la maison, en forme de cube avec crépi, la cuisine Cubex verte, les meubles Imexcotra avec couleurs psychédéliques et les revêtements de sol en fibroleum (révolutionnaire à l'époque!), ainsi que des fauteuils moulés d'une seule pièce en plastic épais (qui donnaient de l'électricité statique et nous faisaient sauter au plafond).<br /> <br /> <br /> <br /> Je garde aussi un très bon souvenir de ma visite à Saint Remi et aussi de la chapelle peinte par Fujita. <br /> <br /> <br /> <br /> Je profite pour dire bonjour à Nuages et penser que ce ne serait pas une mauvaise idées de visiter nos églises romanes cet été. J'ai toujours aussi envie de revoir les églises fortifiées de Thiérache.
P
Personnellement, j'aime bien par exemple, la cité-jardin du Kapelleveld, prolongée de façon intéressante par la MéMé, (Lucien Kroll et je me demande s'il n'y avait pas eu concertation avec des groupes d'étudiants), et l'implantation du métro Alma. Bon, l'hôpital après, ça, c'est autre chose, un bloc de béton, comme Erasme d'ailleurs...
P
Ah, mais Anémone! Il ne faut pas hésiter... Sinon, je me dis que je me donne un mal fou pour écrire quelque chose de vraiment intéressant... Et que, et que... Bref ! <br /> <br /> <br /> <br /> Chacun peut exprimer ce qu'il aime. C'est ça que j'espère aussi quand j'écris ce type d'article, une confrontation d'idées. Je vois exactement ce que tu veux dire, ton jardin en est l'illustration (ce que tu veux en faire, mosaïques comprises). C'est une architecture vivante... Ou plutôt, un parti social, de tissage social, qui a son influence sur un espace urbain, fût-il privé. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui ressort de mes choix, je crois, c'est que j'aime la sobriété, la nudité des pierres, c'est peut-être parfois très sobre, un peu d'humanité ne messied pas et c'est pour cela aussi que j'aime profondément les cités-jardins. <br /> <br /> <br /> <br /> Etait-ce de Luc Schuiten, d'ailleurs, ce projet de jardins en hauteur, présenté il y a des années à la Ville de Bruxelles - des utopies, bien sûr, des projets pas vraiment réalisables, mais il avait imaginé un jardin en hauteur contre un des murs pignons (ou plusieurs) de la Tour des Finances, blvd du Jardin Botanique... Les Schuiten évidemment ne sont pas les premiers venus... <br /> <br /> <br /> <br /> Mais j'ai travaillé par exemple, avec un ingénieur-architecte (un de mes collègues, bien que nous ne fussions pas vraiment collègues), (très chinois d'ailleurs, faire un cahier des charges avec lui était une galère!) mais il avait construit de ses propres mains, avec des amis et sa femme, une des premières maisons totalement "bio" à LLN... Je ne l'ai jamais vue, c'est peut-être dommage, mais ça n'en est pas venu...
A
J'ai hésité à apporter ma contribution, car tout en reconnaissant la grande qualité des architectures anciennes (illustrées souvent par des bâtiments religieux, mais aussi autres), je n'éprouve pour eux pas de véritable vibrante attirance. Je commence je pense à être vraiment sensible au style avec l'avènement de l'Art Nouveau, puis de l'Art Déco. Actuellement je flashe pour la branche de l'architecture contemporaine qui s'intéresse au biomimétisme et prend en compte l'esthétique en même temps que les nouvelles données sociales et d'environnement. Une architecture qui tient compte du vivant et allie la technologie moderne à l'utilisation de matières naturelles.<br /> <br /> En Belgique nous avons par exemple Luc Schuiten dont j'adore les réalisations et projets.
P
Ah! Nuages, bonjour ! Certes, j'aurais pu parler d'Autun tiens, peut-être de Tournus aussi (je crois qu'elle est romane). J'ai vu Vézelay, mais trop vite, dans de moins bonnes conditions. Et il y a Fontevraud aussi (avec le tombeau des Plantagenêt)... Je sais qu'on en a quelques-unes en Belgique, je ne les ai pas toutes vues, loin de là, il y en avait une, mais où ? Qu'on avait vue dans l'émission "Passion patrimoine" sur le patrimoine wallon... Dans un des premiers numéros... Ici, je me suis contentée d'un bâtiment pour représenter chaque style, et c'était celui qui m'avait le plus marquée...
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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