Fragment de la vie d'un prof... (1)

"Ce matin, je suis arrivé devant ma classe avec des pieds en plomb."

Qui serait ce prof ? Dans quelle école arriverait-il pour donner son cours? De quel cours s'agirait-il? A quelle classe -quelle année- donnerait-il cours? Qui serait-il ? Comment s'appellerait-il? Ou elle? Non, dans ce cas, ce serait plutôt : "Ce matin, je suis arrivée devant ma classe avec des pieds en plomb."

Et pourquoi aurait-il des pieds en plomb? Parce qu'on se trouverait à tel ou tel moment de l'année scolaire? Le premier trimestre? Le deuxième? Long, froid, sans fin... Un jeudi -par exemple- où il aurait sept ou neuf heures de cours? De 50 minutes? Un jour où, enfin, il s'assoirait en se débarrassant de la corvée de parler en infligeant une dictée aux élèves?

Pourrait-il s'agit d'un jour d'examen? Copies dans le cartable... Des heures de surveillance en vue. A voir si rapidement quels élèves trichent, et comment. Alors, il se demanderait -en se projetant quelques dizaines d'années en arrière- si ses propres professeurs voyaient aussi quand les élèves trichaient - et s'ils décidaient ou non de fermer les yeux.

Mais je sais que ce personnage -qui n'est pas moi- arrive devant sa classe un matin de fin d'année. Et, devant la porte du local, il ne trouve qu'une partie de ses élèves. Où est l'autre partie? Dans les toilettes? En train de fumailler? (Vite et bien?) Une partie des élèves? Oui, il ne trouve que les garçons, indifférents. Les filles, elles, sont groupées dans les toilettes de l'étage. Peuh! Tout ça, c'est des histoires de filles -ont l'air de penser les garçons.

Mais peut-être ne se sont-elles pas réunies pour fumer. Peut-être sont-elles là pour autre chose.

Après tout.

Et là, mon héros, avec ses pieds en plomb, ne sait pas encore que le ciel va bientôt lui tomber sur la tête... Ou plutôt, qu'il lui est déjà tombé sur la tête. C'est toute une histoire. Une histoire qu'on ne peut pas raconter ici. Pourquoi? Bien qu'elle soit inspirée par un fragment de réalité. Question de bonne ou de mauvaise littérature. Question de déontologie.

Question de vie, d'amour, de correcte politique, et de ce qu'on peut et ne peut pas en dire...

Comments

[Blogadrienne]

ah oui Pivoine, chez nous on dit "Wie A zegt moet B zeggen" :-)

[quartzrose]

Hello, Anémone ! Lol, évidemment, je n'en dis -pas assez ! C'est un commentaire autour d'une histoire que j'ai écrite il y a pas mal d'années... A laquelle je pensais hier soir, avant de m'endormir, et je ne sais pas pourquoi. Des fois, je m'endors en rêvant à quelques personnages, comme ça, qui m'accompagnent depuis longtemps... Et celui-ci, de façon assez amusante, est inspiré par un enseignant que j'ai remplacé, dans ma fabuleuse carrière de prof... Mais tout ça ne dit pas ce qui lui arrive (dans mon histoire, pas dans la réalité, dans la réalité, je ne l'ai plus jamais vu !!!)

[anémone]

Ah mais là, Pivoine, tu nous en dis trop ou pas assez! Sans doute faut-il raconter un peu tout de même, quitte à distancier. Car enfin, si le ciel lui est tombé sur la tête à ce personnage, et si tu trouves si difficile la relation des faits, c'est qu'il s'agit de quelque chose qui n'a rien d'anodin. Tu as écrit ce texte parce que tu veux en parler. Alors j'imagine que tu attends nos encouragements pour te dire d'arriver à le faire en trouvant la manière de respecter cette déontologie à laquelle tu te réfères.Quant à la bonne littérature, je te fais là aussi confiance pour être capable, comme d'habitude, de nous la livrer. Je ne sais pas si ce prof est ici spectateur, bourreau ou victime. Idem pour les jeunes filles. Mais tu vas nous l'expliquer, n'est-ce pas? Par petites touches sans doute, en estompant ce qui pourrait être indiscret et en faisant apparaître ce qui te tient à coeur de révéler.

Une autre fois tu as déjà parlé d'entreprise difficile. Vas-y Pivoine. Ta plume (ou ton talent par l'intermédiaire du clavier) sont capables de haute-voltige!