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9 mai 2012

Ite missa est

La paroisse de mes parents était l'église Notre-Dame de la Cambre. J'aimais la Cambre, peut-être pas quand j'étais petite, car il y faisait très froid l'hiver, et nous nous trouvions parfois loin des réchauds à gaz, chichement dispersés dans les allées, mais plus tard, j'y ai trouvé beaucoup de choses intéressantes à contempler.

Mes parents n'aimaient pas la Cambre ou plutôt, ils n'aimaient pas le bedeau. Le bedeau ou celui qu'on appelait parfois "le quatrième vicaire". Les chaisières de la Cambre avaient un petit béret noir, des lunettes, et une sorte de robe-redingote en satinette d'un effet très étonnant.

Donc, mes parents se dirigeaient plus volontiers du côté de la Trinité, qui avait une façade exceptionnelle (celle de l'ancien couvent des Augustins, transplantée depuis la place de Brouckère), et une très intéressante bibliothèque, dans les sous-sols, tenue par une vieille demoiselle qui nous nourrissait en livres de la bibliothèque de Suzette. Au retour, (par la rue Américaine), on faisait étape aux Petits Riens, par la bouquinerie justement, où ma mère cherchait à reconstituer sa collection de Semaines de Suzette (et elle en a déniché pas mal, d'ailleurs).

Ils allaient aussi parfois, dans une chapelle, rue Washington, attenante au couvent des Pères Servites de Marie. Il faut dire que rue Washington, il y avait la pâtisserie Verbeeke, où l'on achetait des "pensées", des "ananines" ou des "gâteaux de Gênes". Et dans les trois églises, il y avait du monde, à la sortie, un mendiant, de la musique, la messe en latin, jusqu'au Concile, ensuite, les choses se sont simplifiées, en même temps que les églises se sont vidées, assez paradoxalement.

Mais quand, un certain dimanche -et là je ne sais plus de quelle année, j'étais à la fin de mes primaires- ils m'ont traînée à la messe à la Trinité, alors que j'avais dit que je ne me sentais pas bien... Il y avait encore beaucoup de monde. Je m'étais plainte à ma mère, après le petit déjeuner, tout en ne sachant pas expliquer ce que je ressentais.

J'étais fatiguée, mal en train, nauséeuse... Elle m'a répondu, "habille-toi, ça passera".

Eh bien, ce n'est pas passé. Durant toute la messe, les nausées se sont imposées, de plus en plus concentriques, profondes, écoeurantes, avec ces sueurs froides qui les accompagnent, jusqu'au moment où une crise de vomissement, incoercible, m'a secouée.

Catastrophe des catastrophes ! J'étais trop malade pour ressentir de la honte ou de la peur, mais j'ai entendu ma mère s'exclamer: "mon Dieu! Heureusement que c'est arrivé après l'Offertoire!" Quant à mon père, courageusement, il a remonté toute la nef, pour aller quérir un seau de sable à la sacristie, et puis, on m'a entraînée dehors, mais c'était trop tard, j'étais bien malade, la nausée et les vomissements me secouaient, me tordaient, comme un prunier pendant les Saints de Glace.

Je ne sais plus ce que j'avais, grippe? Gastrite? Un virus quelconque? En tout cas, le pédiatre est venu (il se déplaçait, à l'époque), et je suis restée une bonne semaine à la maison...

***

Quand je repense aux églises, et plus particulièrement, à la Trinité, il me revient cette impression de froid, le souvenir de la petite chorale d'amateurs, aux messes du dimanche soir, la nuit, dehors, en hiver, où il fallait plonger au sortir de l'église, l'odeur noire des confessionnaux en chêne ciré, le bruit sec de la petite grille qui s'ouvrait, dans l'habitacle, l'acte de contrition, qu'il fallait réciter sans se tromper, et puis les sermons d'une longueur invraisemblable.

Et enfin, le soulagement, au fur et à mesure qu'on avançait dans la liturgie, la distraction que constituaient les chants en latin d'église, et puis, certains événements, parfaitement incongrus.

Un dimanche soir, alors que nous étions tous debout - et rester debout était un progrès par rapport au fait de s'agenouiller sur des chaises paillées... Quelqu'un, au rang devant moi, un homme, jeune, agenouillé, lui, sans bouger d'un millimètre, s'est mis à uriner devant tout le monde...

Et tout le monde a fait semblant de rien.

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Commentaires
P
@ Anémone, je suis allée une seule fois à Ste Suzanne, pour un mariage d'une collègue ! Une des 3 églises en béton de Bruxelles, avec St Augustin à Forêt et St Jean-Baptiste à Molenbeek... <br /> <br /> <br /> <br /> Oui, l'Union économique, c'était indescriptible, c'était mieux que la caverne d'Ali-Baba... Je ne sais pas si je saurai écrire là-dessus un jour sans me perdre dans une énumération sans saveur...
W
J'ai connu une succursale de L'Union Economique à Mons. Cela fonctionnait sur le principe de la coopérative : il fallait détenir une part pour bénéficier de ses services.
P
Décidement cette Union économique, c'était la caverne d'Ali Baba des Bruxellois?<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ces souvenirs d'église, pour moi un souvenir c'est le froid bien sûr dans le fin fond des Ardennes mais aussi : les femmes d'un côté avec chapeau-zé-mantilles et les hommes de l'autre côté sans chapeau avec la raie au milieu ou sur le côté.
A
J'allais à la messe à l'église Notre-Dame à Evere. Elle était chauffée. J'y ai un jour eu un malaise assez impressionnant: tout était devenu sombre autour de moi. Heureusement, maman m'a rassurée en me disant qu'elle avait déjà eu la même chose, et nous sommes sorties de l'église ensemble jusqu'à ce que ça passe. Des années plus tard, j'ai un jour eu le même phénomène en pleine rue Neuve.<br /> <br /> L'église Sainte-Suzanne à Schaerbeek elle, n'est<br /> <br /> apparemment pas chauffée. Je n'en sais rien car je n'y vais jamais, mais aux dires de plusieurs personnes il y fait glacial même en plein mois d'août.<br /> <br /> Un homme qui urine agenouillé en pleine messe, voilà qui est surréaliste.<br /> <br /> J'ai aussi des souvenirs de chorale. Déjà j'aimais bien chanter. La première chose que je faisais en arrivant à la messe était regarder si parmi les chants annoncés figuraient mes préférés.<br /> <br /> A Evere, rue Plaine d'Aviation (dans le quartier que je vais quitter dans 15 jours, même si c'est pour rester dans les environs),nous avons aussi une pâtisserie Verbeeke, qui a très bonne réputation. Les spécialités y sont la tarte au riz et les cerisettes (frangipane avec confiture de cerises). Je me souviens du pain de Gênes, cake moelleux aux amandes. Maman ne l'achetait pas à la pâtisserie, mais à l'épicerie (entre<br /> <br /> autres celle de l'Union Economique). A ces derniers mots, Pivoine, je sens que tu vas <br /> <br /> peut-être avoir quelques souvenirs qui reviennent et vouloir nous en parler! A bientôt. Et merci à Walrus pour les photos.
W
On ne rit pas, Adrienne !<br /> <br /> J'ai dû créer un album pour te faire voir, puis me rappeler comment on trouve le lien.<br /> <br /> Enfin, espérons que ça fonctionne !<br /> <br /> http://www.flickr.com/photos/47858126@N03/sets/72157629655212218/
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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