En vos mots, chez Lali...
J'ai plus ou moins laissé passer mon tour, chez Lali, mais ce n'est pas grave, à partir du moment où un tableau est exposé, on peut toujours laisser un commentaire...
(Comme je n'arrive pas à poster l'image, suivez ce lien =>>> chez Lali.
"Maman était souvent fatiguée. Normal, après une journée de travail. Et puis, elle s’inquiétait. Elle trouvait que je ne lisais pas bien. Elle critiquait tout le temps la méthode qu’on employait en classe, pour apprendre à écrire. Une méthode globale et fonctionnelle.
Elle disait que je ne savais pas vraiment lire, que je connaissais le texte de mon livre par coeur (c’est vrai que pour la rassurer, tant j’avais peur de ses peurs, je le récitais d’une traite, parce que je connaissais en effet le texte par coeur), et elle craignait -disait-elle que je me priverais, que je me trouverais privé- de la plus grande joie qu’on puisse connaître dans l’existence.
Alors, à Pâques, pendant ces vacances où elle avait justement congé -et papa aussi, puisqu’il est prof dans une école, mais une école pour les grands, où on dessine beaucoup- à Pâques, donc, elle m’a pris avec elle sur le canapé. Avec un livre joliment coloré, un « abécédaire » qu’elle appelle ça, qu’on a acheté un jour chez Castaigne, (une librairie bruxelloise qui n’existe plus), et on l’a commencé ensemble. C’est assez facile. J’ai commencé par les e, é, è, ê, euil, euille, etc. etc. Chaque fois, les mots sont plus difficiles, mais je distingue enfin les lettres. Elles s’écoulent devant moi, comme avec naturel, s’enchaînent, forment enfin un mot que je comprends et nous avançons très vite dans le livre. Elle aime beaucoup ce livre, elle dit qu’il a été primé à l’Expo 58′ et finalement, mon abécédaire, je l’aime aussi, maman avait raison je crois…
Même si je n’aime pas le reconnaître, je lis plus facilement, mon instit est contente, je peux continuer mon contrat de calcul, je peux lire mes BD, un monde s’ouvre à moi, le monde des mots, des lettres, de la langue et ce monde, et désormais, bien que maman ne s’en doute pas encore, il sera toujours le mien…"
(A Vincent…) - 12 février 2012.