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26 mai 2011

Parenthèse enchantée...

Ce midi, pour la ènième fois depuis que j'habite Anderlecht, je suis allée m'asseoir dans le Jardin de la Maison d'Erasme. Les rosiers sont en pleine floraison. Le jardin d'herbes pousse. Les petites fontaines font un doux bruit d'eau froissée. La circulation n'est plus qu'un léger ronronnement, auquel je ne prête même plus attention.

Je me laisse tomber dans un fauteuil, à l'ombre des feuillages mais à proximité de la fontaine, et je me laisse aller au repos et à une douce rêverie. J'ai de plus en plus besoin de nature, de silence (ça, c'est plus difficile à l'heure actuelle), de jardins, et cela explique peut-être que je délaisse mon ordinateur. Sauf la nuit et pour cause, la nuit, je ne me balade plus en ville! Je regarde les arbres autour de moi. Le mûrier qui se chargera de fruits comestibles en août, les arbres rouge foncé (des chênes rouges ou des hêtres pourpres?), les bassins en forme d'oeil avec leurs inscriptions latines, les plates-bandes de même forme, quelques iris peut-être encore, des fleurs en forme de "boules blanches" (cela ressemble à un hortensia mais ce n'en est pas un).

Ce jardin est magique. Tout comme le parc du château de la Hulpe est un parc "inspiré".

Je me crois revenue quarante ans en arrière, dans le jardin de mes parents, quand, certains matins, je regardais le soleil jouer dans le feuillage du lierre recouvrant le très haut et long mur qui séparait les parcelles, depuis le coin rue Van Eyck/rue de l'Abbaye jusqu'à la chaussée de Vleurgat. J'aimais ces moments-là parce que le matin, on a l'impression que "tout" peut arriver. Que tout va forcément vous arriver. Le matin est neuf. La lumière est dorée. Les feuillages brillent. C'est la vie !

J'aime les arbres. Je devrais mieux connaître ce que j'aime, mais je sais déjà reconnaître un marronnier, (et même distinguer un marronnier d'un châtaignier, avec une prédilection pour les marronniers roses), un peuplier, un bouleau, un hêtre pourpre -que je confonds avec le chêne rouge- un aulne glutineux, un chêne... Un catalpa, un araucaria (arbre -affreux- qui, paraît-il, remonte à la Préhistoire). Bref, tout ça m'emmène bien loin de ma Maison d'Erasme.

Je commençais à me dire que j'aurais dû m'acheter un sandwiche et le manger sur place. Aussitôt dit, aussitôt fait, mais en sortant du parc pour aller à la recherche d'un sandwiche au fromage blanc (+ radis + petits oignons), la magie s'est cassée. Quand je suis revenue dans le jardin, tous les sièges étaient occupés, normal, le parc est public et je ne suis pas la seule à connaître l'adresse, sans compter les touristes. Toutefois, j'ai élu domicile sur un double banc sculpté en forme de tronc d'arbre, et du coup, je voyais la maison.

Je me plaisais à imaginer le vieil Erasme - venu à Anderlecht en 1521 pour se reposer chez son ami le Chanoine Pieter Wijchmans - debout à sa croisée, et contemplant son jardin. Ou les jardins environnants. Puisqu'il était là en séjour campagnard. J'imagine que la lumière était la même, la couleur des arbres, des prairies, du ciel, le goût de l'air, du vent, et le pépiement des oiseaux: le sifflement du merle (moqueur) et le long cri des martinets revenus. Je l'imaginais en train d'écrire son Eloge de la Folie, ou ses Colloquiae, et j'essayais de me représenter une rencontre entre lui et moi, comme s'il était venu vers moi, dans sa houppelande grise, à travers les pelouses du jardin.

En quelle langue nous serions-nous adressé la parole ?

En latin ? En français du XVIème siècle (en moyen français?) ... Je me le demande ...

Après un certain temps, et presqu'à regret, j'ai quitté le lieu pour aller prendre mon sacro-saint capuccino, à une terrasse en face de Saint-Guidon. Avec vue sur les ateliers de sculpture de l'académie des beaux-arts (néerlandophone). Dans le fond, je vais rarement dans ce coin-là de la place et c'est un tort, car c'est vraiment un très joli coin...

fontainelouisverschueren

La fontaine de Louis Verschueren, et le mur séparant le jardin d'herbes médicinales

du jardin dit "philosophique".

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Commentaires
C
Ce billet est fort agréable a lire. Il y a beaucoup de nostalgie dans tes mots! Tes souvenirs d'enfants et de jardin, inspires par ce parc, me renvoie a mes propres souvenirs, et tout a coup, je me sens vieille!!!<br /> J espère un jour découvrir la Belgique. Bonne semaine Pivoine.
Z
Souvenirs souvenirs !!! Mon plus beau souvenir de Bruxelles. Merci de cette évocation invitant à la méditation.
W
J'ai habité deux ans Anderlecht puis j'ai déménagé à Jette pour quarante ans et ce n'est qu'une fois installé à Laeken que je suis allé visiter la maison d'Erasme.<br /> Faut un minimum de distance pour s'intéresser aux choses ;o)
F
Oui, l'araucaria ou "désespoir du singe"...<br /> <br /> Beau billet qui sent l'apaisement.<br /> <br /> <br /> Je suis occupé à lire la correspondance de Cioran (avec A Guerne)et il n’arrête pas de dire que la vie à Paris est infernale et qu’il ne se sent bien qu’à la campagne. Là, en taillant des haies, il serait heureux et n’écrirait pas sur le désespoir.
A
il donne l'envie d'y aller, ton billet! la prochaine fois que tu voudras t'y asseoir, il y aura encore plus de monde ;-)
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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