Faire un atelier de gravure...
Dimanche dernier, je m'étais inscrite à un atelier de gravure l'après-midi...
C'était aussi l'anniversaire de B***
L'atelier de gravure consistait, cette fois, à une initiation à l'eau-forte.
Une eau-forte, cela donne ceci: j'aime bien illustrer cet article au moyen d'oeuvres de Michel De Goeye (1900-1958), un peintre-graveur-illustrateur qui a travaillé avec mon grand-père, dans la publicité. Quand elles se sont mariées, ma mère et ma tante ont chacune reçu une ou deux eaux-fortes de cet artiste. Aujourd'hui, il y en a une dans mon salon, représentant un tailleur de pierre, dans une cathédrale. Il faut savoir aussi que Michel De Goeye avait dû se cacher en 40-45, dans une mansarde à Malines, mais qu'il a tout de même été arrêté par la Gestapo. D'après des échanges que j'ai eus à son sujet avec le musée Juif de Belgique, il a été sauvé grâce à la Libération, en septembre 1944.
L'arbre de vie (1930) - source Internet.
Vains dieux !!! Cet atelier m'a épuisée...
Rendez-vous compte :
Il faut d'abord poncer sa plaque de cuivre avec une feuille de papier de verre, dans un bac d'eau;
Il faut limer les bords sinon la plaque risque de déchirer le papier;
Ensuite, il faut la nettoyer au sidol;
la faire sécher sur une plaque chauffante (entre plusieurs opérations)
et la dégraisser à la sauce au soja (non, je n'ai pas gravé de plats de sushis...)
Ensuite, on peut l'enduire de vernis, un vernis brun que l'on grattera à la pointe sèche en fonction du dessin choisi. Et croyez-moi, il faut y aller! Il faut autant d'huile de coude que d'imagination et de sûreté dans le coup de main.
Après cela, on doit (si je ne me trompe) faire tremper la plaque dans l'acide: de 10 à 15 minutes.
La rincer sous l'eau (froide...) (Ne pas déposer son bracelet n'importe où et se demander deux jours après où on l'a oublié...)
Enfin, vient l'encrage. On enduit la plaque d'encre (épaisse) avec un chiffon de tarlatane (le tissu avec lequel on faisait les jupons que l'on superposait aux crinolines au XIXème siècle), puis, avec un autre bouchon de tarlatane, on enlève le trop-plein et enfin, avec la paume, on retire définitivement le trop-plein.
Ce n'est pas tout !
Pendant ce temps, le papier d'impression trempe dans de l'eau. Avec des pincettes, il faut le retirer et le faire sécher entre des pages de journal. Si le paumage dure trop longtemps ou qu'il y a une file d'attente... On peut tout recommencer. Et si la première impression est trop claire, ce qui est généralement le cas, on doit tout remettre sur le métier, c'est-à-dire:
Nettoyer la plaque au white-spirit;
l'enduire d'un vernis spécial pour correction;
gratter à nouveau, voire, gratter comme une folle avec sa pointe sèche.
Et recommencer le bain d'acide de 10 à 15 minutes.
A ce stade-là, si trois personnes font la même cuisine dans l'atelier et qu'on imprime les gravures d'une quatrième; si tout le monde parle en même temps -parce qu'il y a une ambiance du tonnerre- alors que je n'ai plus qu'un 1/2 neurone actif et mal aux lombaires à crever; et si l'odeur des produits chimiques commence à me prendre la tête, je suis mûre pour perdre la boule.
Bref, je suis rentrée avec mes trois impressions, mais sans ma plaque de cuivre, oubliée à l'atelier.Je n'ai donc pas ma gravure imprimée ici et d'ailleurs, je ne sais plus transférer les photos numériques de mon appareil à mon ordi, étant donné que les chats ont bouffé le câble de l'appareil... De même que lundi, ils avaient bouffé le câble de la souris et que plus rien ne fonctionnait.
Je sais que les chats aiment les souris, mais tout de même.