C'est épouvantable...
Il faut bien que je le dise. En mettant de l'ordre dans ma bibliothèque avec mon fils, (Vittel ! Eliminez) je suis bien forcée de reconnaître qu'il y a tant de romans (pourtant bien écrits) que je n'ai pas aimés. Que je n'ai pas pu lire, passé la 5ème ou la 10ème page.
Cela m'ennuie. J'ai l'impression d'être une traîtresse à la cause de la Littérature. Donc, j'élimine plein de romans. En décrétant que c'est "illisible". Ou en faisant la grimace. D'où vient alors que je lis (et relis) parfois des oeuvres - romanesques uniquement - parfaitement mineures? Parce que ça, ça me vide la tête. Bizarrement, je suis beaucoup plus exigeante quand il s'agit d'essais.
J'aime mieux lire un livre d'histoire - même une brique que l'on consulte plutôt qu'on ne la lit - qu'un roman. Et j'ai parfois lu des essais 'terribles' (comme les "Entretiens de Nuremberg"). Quand je suis chez mon père, j'aime bien compulser certains de ses livres (son Napoléon III, de Pierre Milza, "L'orléanisme", etc. etc.) ou ses livres d'histoire sur la guerre 40-45, d'Anthony Beevor, ou les "Carnets" de Vassili Grossmann. Après, je regrette même de n'avoir pas noté certains passages intéressants (ainsi, avant Nuremberg, justement ou Yalta et Potsdam, les divergences de vues entre les alliés occidentaux d'une part, et Staline de l'autre).
Mais j'ai de réelles difficultés avec les romans. Du coup les Journaux passent mieux (comme celui de Julien Green ou de Virginia Woolf) ou certaines biographies (ou autobiographies), voire de petits livres de documentation et des correspondances littéraires - ou artistiques.
Qu'est-ce qui me dérange dans le roman contemporain ? Et qu'est-ce que j'aime dans un livre d'histoire ? L'afféterie du style contemporain me dérange (ainsi, dans "Les déferlantes" qui mérite sûrement d'être lu jusqu'au bout - et moi, j'ai calé après une vingtaine de pages). Tandis que les historiens ont un style neutre, sobrement narratif, fonctionnel donc, sans fioritures - bien qu'élégant.
J'aime qu'un style littéraire soit élégant, mais simple.
Ou alors, je vais vers la poésie. Mais là aussi, je suis très difficile.
Et de toute façon, je n'achète plus de livres. Il y en a tellement dans les bibliothèques!
Et encore beaucoup dans mes bibliothèques. J'aurais bien aimé vider l'équivalent d'une armoire. Je crois que c'est un peu illusoire, je ne parviens même pas à me débarrasser de mon vieux Rimbaud en livre de Poche, complètement dépecé et annoté, que je traîne dans mes bagages depuis la Poésie...
Par contre, je me suis débarrassée du "Lion" de Joseph Kessel que je traînais depuis la 6ème latine, du "Noeud de vipères" que je n'ai jamais lu et de "La rôtisserie de la Reine Pédauque" d'Anatole France que je n'ai sûrement jamais ouvert ou alors, tellement peu (et aussi vite refermé). Qui me jettera jamais la pierre?
Pourtant, il y a des romanciers que je regrette: comme Maud Frère: je l'adorais. ("Vacances secrètes", "Guido" et "Le temps d'une carte postale"). Alors, qu'est-ce que j'aime chez des romancières étrangères (anglaises) comme Jane Austen ? Le style ? Mais je tiens que je devrais la lire en anglais, alors? Son humour déchirant, je crois. Sa destinée. Son talent d'écriture. Et Anne Perry? Ses romans sont bien ficelés. Les tournures choisies par la traductrice ne sont pas toujours 'des plus heureuses', mais dans l'ensemble, cela coule bien. Il y a quelques invraisemblances narratives (mais on ne fera pas trop la difficile, par définition, le roman policier "qui finit bien" c'est-à-dire où le coupable est démasqué, a aussi ses poncifs) mais l'ensemble est plaisant, voire intéressant (il y a toujours un thème social ou politique précis qui sous-tend l'intrigue).
Il reste que j'entretiens un rapport bizarre avec l'écriture (et la lecture) de fiction.
Pourquoi est-ce si difficile d'écrire ou de lire de la fiction ? Et peu importe la longueur, c'est une question de style et de sujet, pas de longueur. Et puis, j'aime qu'un roman me tienne en haleine : ça doit 'déchirer', à l'intérieur. Et 'finir bien', pour me contenter, parce que tout de même si la littérature est là (à mes yeux), c'est aussi pour oublier que dans la vie, y a juste que la mort qui nous attend au bout.
Et comme je ne suis plus très sûre qu'il y ait une autre vie après, je n'ai pas envie qu'on me le rappelle tout le temps...