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1 septembre 2010

Sympathie

Mallarmé, pour gagner sa vie, était professeur d'anglais.

Mallarmé, professeur d'anglais en France. Peut-on imaginer cela?  Aujourd'hui, cela paraît fou.

Il a enseigné - notamment - au lycée Janson-de-Sailly, mais avant cela, il a eu des postes un peu partout en France. Il souffrait. Il est question de chahuts, dans son parcours biographique. Je peux imaginer ce que cet homme sensible, écrivant et s'intéressant passionnément à la littérature (et à l'art) a pu vivre avant la reconnaissance littéraire - par ses pairs, il n'est pas question de gloire à ce moment-là.

La difficulté d'assurer des postes difficiles. De tenir tête, d'année en année, à des classes éprouvantes.

Il rentrait chez lui et devait préparer des cours, effectuer des corrections, bref, le labeur d'un professeur, avec un enfant en bas âge. Il avait perdu sa soeur très jeune, sa mère encore plus jeune, et il a perdu son fils beaucoup trop tôt. Il a mené une existence bourgeoise (beaucoup plus petit-bourgeoise que Verlaine par exemple...) mais pas très heureuse. On s'étonne moins, du coup, (même s'il ne faut pas verser dans le biographisme), de ce vertige de la page blanche, dans sa poésie, de ce fameux papier "que la blancheur défend", qui faisait sourire un peu les potaches du XXème siècle.

Etudiante, j'aimais bien Mallarmé, particulièrement "Soupir" et ...

" A la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu

Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu

(...) "

Confidence pour confidence, quand je me rappelle l'époque lointaine de mes intérims (mais pas si lointaine que cela pour deux intérims), et si je devais mettre un mot sur ce que je ressentais, avant d'aller au charbon (ou à l'abattoir), il n'y aurait qu'un seul mot : la trouille. Au point que j'avais la trouille de ma propre trouille.

Curieuse idée de choisir l'enseignement quand on est la plus grande trouillarde de l'univers...

Bon, et pour couronner le tout, je ne suis même pas Mallarmé !

Et je ne suis même pas une blogueuse d'envergure... (qui écrirait peu mais bien)
Même pas une lectrice exceptionnelle! (Je ne lis pas que Suétone...)

Encore moins une philosophe. (Il suffit que je suive un cours de philo pour tomber sur Descartes, Kant ou Hegel).

Pffff !

Au secours ! Kevin et Allison !!!

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Commentaires
P
Poésie / versification => Il y a dans les poèmes de la veine plus parnassienne, du début, bon nombre de ce que j'appelle des vers de mirliton, mais peut-être est-ce la difficulté de l'alexandrin, si désuet, de rendre un son désespérément romantico-dramatique. Mais je trouve des vers de mirliton partout, même dans l'oeuvre complète de Hugo ! Enfin, soit. La gloire fait garder des choses qui n'auraient certainement pas été gardées s'il s'était agi de la poésie des blogueurs... La preuve, Mallarmé lui-même estimait n'être pas arrivé à un travail logique, entier, qui se tenait et avait recommandé à sa fille -Geneviève (l'enfant au berceau qui pleurait et l'empêchait d'écrire o;((( pauvre enfant... de ne rien garder... <br /> <br /> Ceci dit, je plains de tout coeur les surveillants, tous les surveillants qui ont exercé un métier encore plus ingrat que celui de prof - avec moins de difficultés peut-être (pas de préparation de cours ni de cours ni rien), mais le boulot de devoir surveiller des élèves qui n'ont pas envie d'être surveillés...
W
Ouais, les potaches ne sont pas toujours tendres et ça ne prend pas la voie de s'arranger.<br /> Ce qui m'épate c'est que ta commisération semble s'adresser à Mallarmé parce que c'était Mallarmé.<br /> Quand j'étais moi-même potache, j'ai eu des surveillants qui se prenaient eux aussi pour des poètes maudits. Cela n'arrangeait évidemment rien au respect que mes condisciples et moi en avions. Et eux, ils ne sont même pas devenus des Mallarmé. Des mal aimés, ça ils étaient déjà.<br /> Bises
A
oui, l'auto-dérision, ça me semble très "belge" comme attitude ;-)
P
Lol, bonjour Pati !!! <br /> <br /> Fidèle au poste, ô honorable correspondante !<br /> <br /> J'ai pensé à toi l'autre jour, à ce petit café qu'on avait pris gare du nord, il y a quelques années déjà (En 2007 ou 2008?) <br /> <br /> (Mais tu me connais hein, à la fin, j'en rajoute un peu o;))) - j'en connais un qui me tirerait les oreilles s'il lisait ça, bien qu'il soit le premier à tirer dans l'auto-dérision o:))) <br /> <br /> Gros bisous fraternels.
P
et si tu listais plutôt ce que tu fais bien ?<br /> <br /> tes peintures, que j'en suis jalouse tant elles sont belles<br /> tes textes, d'une musicalité à tomber, d'une érudition qui me fascine sans que ce soit rasoir<br /> tes réflexions, jamais creuses, toujours pleines de toi<br /> je continue ?<br /> bah t'as qu'à continuer toute seule ;))
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  • Mes humeurs et humours, mes journées, Bruxelles et le Brabant wallon, mes coups d'espoir, mes hauts cris et les lendemains meilleurs d'une auteure pas tout à fait morte et d'une peintre apprentie... Dont l'apprentissage dure longtemps !
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