D'après Michel-Ange, la Pietà
J'ai voyagé sous le ciel d'Italie
C'est là, dans la torpeur de midi
Qu'à l'ombre des vastes bâtiments
Eblouie
Je me suis arrêtée
Du hangar où régnait la fraîcheur
M'atteignaient l'alternance et le choc
De la masse et de la pointe qui
Rythmiquement
S'attaquent au coeur du marbre
Marbre blanc d'élan pyramidal
Cime suraiguë des parois tièdes
Socle large et sinueux des rocs
Entrevus
Dans la carrière aveuglante
Ai-je été la visiteuse qui s'intéresse
Assistante et soeur insoupçonnées
D'un dos ployé D'une ombre attentive
Absorbée
Dans la naissance de l'image
Et qu'ai-je emporté Loin du ciel d'Italie
Du fruit de cet esprit De sa dextérité
Moi qui voudrais offrir toute la compassion
Nimbant
De transparence
Le si patient visage de la blanche Piéta
mai - juin 1996